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Homme Univers

exposition au 6b de Saint Denis du 1er au 17 juillet

vernissage le jeudi 1er juillet à 17h

Sonia Charbonneau (La Réunion) Soly Cissé (Dakar), N’Doye Douts (Dakar),Meek Gichugu (-Kénya), Franck Lundangi (Angola) Cristiano Mangovo (Angola) Miguel  Marajo (La Martinique), Gastineau Massamba (Congo) William Sagna (Dakar), les Sœurs Chevalme (Paris), Tal Waldman( Paris), Lydia Ymel (Côte d’Ivoire) et Rachid Koraïchi (Algérie)

Curateur: Gad Cohen

HCE Galerie a rassemblé un certain nombre de ses artistes issus du continent africain et des Caraïbes. Ils vivent et travaillent en Afrique ou en France, circulent entre les mondes, leurs histoires et leurs imaginaires ; Dans leur vie et leur travail ils expérimentent les figures difficiles de l’entre-deux, ni tout à fait ici, ni tout à fait là-bas, jusqu’à transformer l’expérience de l’exil ou de l’absence en une présence plus intense. Ils apportent leur monde et l’âme de ce monde, le grain de sable ou de pollen, animal, végétal ou minéral qui le féconde, la sève qui l’irrigue, les souffles qui le traversent et le renouvellent. Ils attestent que l’Afrique se déploie aujourd’hui dans un riche nuancier de présences et de prises de paroles adressées au monde, qu’elle est un lieu d’émergence d’acteurs, de créateurs et d’interprètes qui engagent l’art dans l’invention du monde d’aujourd’hui, dans une co-construction qui le rend plus habitable, qui ré-anime la pâte humaine en lui redonnant son liant.

Ces artistes évoluent pour la plupart sur des trajectoires étonnantes, originales et foisonnantes par leur diversité. Dans la plus grande discrétion ils peuvent être coureur de fond, entraîneur sportif, mannequin et peintre(William Sagna) ; avoir appris les combinaisons subtiles de l’ombre et de la lumière et les jeux de la couleur en suivant des troupeaux dans la savane(Saïdou Dicko, Meek Gichugu) ; confronter la pratique picturale à l’expérience des villes africaines, entre prolifération du désordre et chaleur humaine pour en exprimer l’alchimie fusionnelle (Douts) ; l’exposition assure une grande place à leur parcours, à leur arpentage de l’espace et du temps, entre mémoire et avenir, au creuset de leurs expériences induites dans des champs de forces telluriques et historiques considérables, à tout ce qui peut répondre à cette question mystérieuse du comment on devient artiste.

Les œuvres exposées peuvent être considérées comme le récit de ces expériences accumulées tout au long d’un parcours, de ce qui bouillonne et fusionne en elles, mais surtout comme un écran qui enregistre, capte, amplifie les forces visibles ou invisibles mises en tension : les mouvements de poussée qui séparent et rapprochent les cultures traversées, où il y a de la mêlée, de l’échange, du tissage, du partage, du brassage et où l’art seul peut donner une configuration à la création qui en résulte de manière imprévisible ; l’ivresse de l’art, la singulière commutation des valeurs qui s’opère dans la transformation des souffrances endurées dans l’histoire en revendications enjouées, porteuses d’avenir ; une réappropriation créative du monde en réponse à sa violente expropriation. L’art en changeant le monde que nous portons en nous change aussi le monde qui nous porte.

Scénographie de l’exposition :

Ce brassage d’éléments dans un mélange subtil, tout ce qui donne sens au monde et à son atmosphère originale, tout cela est bien repérable, explicite dans la représentation de la nature, du principe de vie qui l’anime ;Aimé Césaire a souvent évoqué le cycle de la vie comme le patrimoine commun à toute l’humanité et une morale de l’existence : les plantes y sont le dépositaire des secrets du monde en train de se faire, de la matière vivante naissant du brassage du minéral et de la lumière, de la création de l’atmosphère et de ses souffles ouvrant à la respiration du monde. La racine, la feuille, la tige, la fleur parlent de la nature et de la société des hommes. Nos artistes leur donnent une présence singulière et affichent une gamme d’attitudes face à cette nature où l’art peut se déployer : une nature inviolable et sacrée, une réserve de mystères à préserver, une manière d’en faire une partenaire avec qui faire société…Cette exposition se présentera donc dans un environnement végétal, avec des plantes sélectionnées pour leur adéquation à la démarche de l’artiste : les études contemporaines sur la vie des plantes (Emanuele Coccia) mettent en évidence que les plantes « font monde » en créant les conditions d’un monde vivant, en donnant naissance à une atmosphère propre au développement de toutes les formes de vie. Les plantes retenues prennent une présence comme les œuvres, elles viennent à notre rencontre avec un style expressif, une démarche rampante, comme les saxifrages qui soulèvent le béton, ou acrobatique comme certaines clématites aux élans imprévisibles. Par cette exposition HCE Galerie associe ses deux tropismes, l’art contemporain et la nature et persévère dans son projet de transmettre l’art par une transformation du regard : considérer autrement ce qui nous entoure, en l’occurrence les œuvres, mais aussi la nature et les projets de plantation dans une ville et les liens qui s’établissent entre les hommes.

Cette exposition s’adresse à tout le monde bien sûr, mais plus particulièrement au département de Seine St Denis, un territoire du multiple, du multiculturel, du multilinguisme, un lieu de mélange et de brassage où sont appelés à se contaminer et à communiquer par leurs porosités différentes époques, différents horizons culturels, différentes subjectivités.

Cette exposition se fait dans la mouvance de Africa 2021 au 6b de Saint Denis, en liaison avec l’exposition “Corps Accords”à HCE Galerie.

Des événements sont prévus pendant la durée de l’exposition :

Plusieurs « restitutions » vont ponctuer cette exposition dans le temps pour resituer l’horizon des œuvres et assurer le brassage, la confrontation et les prolongements de ces « points de vue africains sur la nature » : elles utiliseront des mediums variés : films, photographies, interviews

vendredi 2 juillet à 18h : “le Jardin d’Afrique” de Rachid Koraïchi, projections

le jeudi 8 juillet à 18h: le projet “Treebadan” des Soeurs Chevalme, avec l’anthropologue Emilie Guitard

le jeudi 15 juillet à 18 h: Odyssée africaine, avec Paul Gueye, écrivain

Sonia Charbonneau

Dans cette vidéo réalisée en  2016 à St Denis de la Réunion, Sonia Charbonneau se filme déambulant sur un front de mer, avançant péniblement entre les galets, jambes nues, talons hauts rose vif. Elle revisite le mythe de la « Belle Créole », ce condensé de l’imaginaire colonial et de ses fantasmes, en se jouant des stéréotypes et des assignations identitaires.

« Je ne changerai mon parcours pour rien au monde » : c’est une prise de position, une affirmation d’une jeune femme créole, citoyenne du monde et maman célibataire. En 2012 elle « a sauté la mer » pour venir faire les études en France dont elle rêvait, découvert la difficulté d’y vivre. Revenue à la Réunion elle vit son attachement indéfectible à ce territoire et ses paysages, explore au quotidien sa vie multiple et les mille postures de la créolité dans ses engagements d’artiste.

Soly Cissé

« Ma peinture est une lutte ». Il met en scène les violences qui mettent l’Afrique à mal, l’obscurantisme, les fanatismes, les trafics liés aux diverses pratiques de domination, les désastres écologiques en puisant à des sources multiples : l ’art brut, l’art populaire, l’expressionnisme, l’art ancestral. Il décloisonne les pratiques artistiques, le design, la sculpture, la peinture et l’écriture, rapproche les cultures traditionnelles des implications sociales contemporaines. Sa peinture promeut le métissage, les cultures se frottent, se valorisent entre elles, s’interrogent, que ce soient l’art cultuel ou les grands courants artistiques du XXème qu’il connait de l’intérieur.

Nous l’avons rencontré à l’Institut Robert Merle d’Aubigné, où il était hospitalisé après une amputation de la jambe. En véritable force de la nature il avait organisé les couloirs en atelier de travail, entretenant une force de création qui ne l’a jamais quitté, depuis son enfance au contact d’une nature vécue comme une « manature » jusqu’ aux expositions, foires et biennales où il est devenu un artiste internationalement reconnu

Saïdou Dicko

Les photographies de Saïdou pénètrent le secret des ombres et de la lumière   dans les maisons du Sahel. La finesse de la découpe, la délicatesse des contours de ces silhouettes d’enfants ouvrent sur la tendresse infinie d’un plan expressif qui pourrait être celui de la peinture : Une vie intense affleure dans les plis sombres des étoffes, dans les motifs des tapis, dans les reliefs des murs, les claires voies des volets…

Extraordinaire destinée que celle de cet artiste qui dès sa première enfance dans le Sahel pénètre dans la peinture et éduque son regard en observant les jeux de l’ombre et de la lumière, en suivant les ombres portées sur le sol par les bœufs, les chèvres et les moutons qu’il menait paître des journées entières. Ses premières peintures gardent la touche du berger et du voleur d’ombres : elles portent la trace de l’attention passionnée à des bêtes au style singulier qui s’esquissent, surgissent et se fondent dans le paysage. Peintre et photographe autodidacte, il est internationalement reconnu, depuis son prix de la Francophonie aux rencontres Africaines de la photographie de Bamako, en  2007.

N’Doye Douts

Douts peint sa ville de Dakar, il en explore la matière et le grain, les lignes et les flux visibles et invisibles qui la traversent, les strates d’histoires et de mémoire affleurant à sa surface ; Il dessine, photographie, filme, s’identifie à elle. Les quartiers populaires des villes, avec leur enchevêtrement diabolique et enjoué de formes et de graphismes, de matières et de couleurs, avec la très forte intrication des architectures et du vivant, le réseau bariolé des solidarités, étirent le tissu constitutif de la ville d’une manière constamment renouvelée. C’est un paysage qui change au gré des mouvements, des humeurs et des émotions … C’est un tissu vivant qui projeté sur le papier ou la toile devient une peau qui réagit, qui laisse s’exprimer les émotions de la ville et de la vie.

Douts a grandi dans la Medina de Dakar, le quartier qui l’inspire. En 1999 il est reçu major aux Beaux- Arts de Dakar et entame une belle carrière en participant en 2005 à Africa Remix. Il s’affirme comme un artiste toujours en mouvement et en circulation dans et entre les mondes. Il a vécu à Pierrefitte jusqu’en 2014, a retrouvé Dakar où il vit et travaille, prêtant sa touche personnelle à de nombreux projets de développement

Meek Gichugu

Meek Gichugu est enraciné comme un paysan dans la terre de son enfance,  où il percevait un ordre de la nature, étrange et personnel, celui de l’élégance des formes vivantes, confronté à tous les cadres établis ; une puissance minérale, végétale et animale qui nous traverse et trouve sa « fine fleur » dans nos parures et ornements, boas, queues de pie, aigrettes, guêpières… crée un  style, une allure, une forme de vie. Sur cette création passe un vent léger et amusé qui incline les formes et les courbe avec malice ; un éros africain et fripon titille la géométrie et rivalise avec la nature pour inventer des ajustements ingénieux, des articulations souples au service de l’harmonie de rythmes et de rites d’un autre monde. Un liseré de couleur vient protéger la magie de ce monde dessiné, comme les frises des livres de notre enfance, qui ne la laisse pas s’échapper.

Meek Gichugu est né au Kénya en 1968; Il a peint très tôt et exposait son travail dès l’âge de 14 ans. Il a connu en 1991, à l’âge de 22 ans un succès fulgurant en vendant à la Galerie Watatu de Nairobi 90 tableaux d’un seul coup. Il est alors entré dans la collection d’André Magnin et celle de Jean Pigozzi. Une fois en France sa vie a été plus difficile, mais il a continué à peindre…

Franck Lundangi

Les dessins de Franck Lundangi explorent le monde du rêve, les chevauchements du visible et de l’invisible dans des compositions d’étranges lignes végétales, racines, rameaux et lianes reliées à un enchevêtrement initial, lignes qui ne semblent plus tracées mais animées par le besoin de se prolonger à l’infini ou celui de se refermer sur un alphabet énigmatique, des hiéroglyphes migrants d’un monde à un autre. L’aquarelle, parfaite, se prête à ce rêve.

Franck Lundangi est né en Angola, dans un pays en guerre. Il a été élevé dans le pays voisin, le Zaïre, avec onze cousins. Il a d’abord été footballeur professionnel dans les grands clubs d’Afrique et un fabuleux destin l’amène à être artiste, à devenir peintre et sculpteur. HCE Galerie l’a exposé en 2015. Artiste international dans la galerie Anne de Villepoix, il vit et travaille à Briare.

Cristiano Mangovo

 L’homme moto, une trouvaille ! C’est le moyen de transport le plus commode en Afrique, avec des chargements invraisemblables, un véhicule pour s’emporter, se ravir, être sage ou être fou. Le visage enfermé dans le phare est comme derrière un hublot, en plongée dans un autre monde, hallucinant et fantasmagorique. Par ce biais l’artiste dénonce les pires formes de violences et de délires meurtriers qui ravagent tous les pays. Il le fait en artiste, avec un humour noir et grinçant, mais aussi avec tendresse, comme s’il fallait trouver la bonne distance dans un monde où il faut en faire trop, se livrer pour vivre à des contorsions et des acrobaties, à l’exagération et l’exaspération, à l’emphase du quotidien.

Il est né à Cabinda en Angola. Sa peinture porte la trace de l’art de la rue et du graffiti, des scènes de marché et d’embouteillages de Kinshasa, de l’atmosphère de Luanda, d’une Afrique dont il saisit la malice et l’astuce. Son œuvre considérable, variée et intense connait un grand retentissement dans les grandes villes africaines et maintenant en Europe. Il vit et travaille actuellement à Lisbonne

Miguel Marajo

« Mon travail complexe et singulier, est volubile. Dans mes dessins et mes peintures, on retrouve toujours un trait foisonnant en circonvolutions, cette débauche de lignes est le mimétisme du cheveu, et fait écho à son caractère libre et naturel. La nature s’y manifeste partout de façon sous-jacente, dans une gestuelle courbe qui rythme la totalité de mes œuvres, les envahissant dans un mouvement complexe qui semble encore vivre sous la danse que le geste lui a imprimée. »

Miguel Marajo a passé son enfance à la Martinique, a vécu les stigmates de l’esclavage et de la colonisation mais a aussi été rapidement sensible à l’effervescence intellectuelle liée à Aimé Césaire, Edouard Glissant ou Patrick Chamoiseau. Il est diplômé des beaux-Arts de Paris. A travers ses dessins, peintures et installations, il s’engage dans une œuvre nourrie de la mise en scène des problèmes contemporains, dans une volonté d’apaisement.

Gastineau Massamba

Avec cette série « peintures Noires » Gastineau revient à la peinture avec une technique mûrement réfléchie et originale par son éclairage, le rapport entre le fond et la forme, le doigté des touches de couleur…C’est une peinture- manifeste qui revendique le noir, sa puissance de métamorphose et d’invention, qui le pousse jusqu’à son point d’incandescence. C’est une couleur de peau et une perspective ouverte sur le vivant, une refonte du code noir et blanc, une façon de s’arrimer au monde, de déployer un espace indemne des blessures et violences subies, une révélation de la beauté, suffocante à force d’aborder, d’absorber les laideurs du monde.

Né à Brazzaville, Gastineau Massamba a été formé au Congo et aborde tous les medium, pratique le dessin, d’extraordinaires coutures sur toile, la sculpture, les installations et performances. Il relie les cultures en se les appropriant, ici la lumière noire du Kongo conduit au noir du Caravage. Artiste international, Il est actuellement dans la Galerie Anne de Villepoix, travaille à Montreuil.

William Sagna

William Sagna fait de son Afrique une écriture de signes chauds et denses, fortement ancrés dans ses paysages locaux, métissés, transculturels, aussi personnels qu’universels. « Les pays riches nous montraient leur art pauvre. Je crois que les temps sont venus maintenant pour que les pays pauvres montrent la richesse de leur art. Et par là même revitaliser l’art mondial en le ramenant à ses sources locales. L’universel ne s’atteint pas en niant le particulier, mais en l’approfondissant. » C’est bien de lui !

Cet artiste né au Sénégal est diplômé des Beaux-Arts de Paris. Il a fait de la radio, a été coureur de fond et champion du 400 m, entraîneur sportif et mannequin haute couture. IL a toujours peint des œuvres exposées dans des Galeries de Lausanne, Bruxelles. Il est actuellement chez Sitor Senghor à Paris, que nous remercions vivement. Vit et travaille à Pantin

Les Soeurs Chevalme

Les sœurs Chevalme sont un duo d’artistes visuelles et elles développent depuis une dizaine d’années une pratique pluridisciplinaire. C’est par la circulation géographique et plastique que leurs projets se construisent. Elles engagent leur travail sur des thèmes de société impliquant les questions sociales et identitaires, les recherches post-coloniales, l’immigration et l’Histoire. Elles travaillent à figurer une expérience sensible de ces problématiques contemporaines par une réflexion, un travail de documentation, d’écriture et de terrain. 
Leur travail a été découvert en 2011 lors du Salon d’Art Contemporain de Montrouge. Depuis, elles exposent en France et à l’international. Dans le cadre de la Saison Africa 2020, elles prennent part à l’exposition Un.e air.e de famille et dévoileront, à cette occasion, leur projet inédit Mama Whita
.

Elles ont une propension à se fondre dans le lieu qu’elles investissent, à se colorer de son ambiance, au point que leurs œuvres portent les empreintes de l’atmosphère locale, des échanges avec les habitants et leurs pratiques, leurs tropismes. En septembre 2017 elles séjournent un mois et demi dans la ville d’Ibadan au Nigéria et collaborent avec l’anthropologue Emilie Guitard. Elles dessinent les grands arbres de cette ville, qui se révèlent des pôles de résistance à la promotion immobilière et sont considérés par les habitants comme des partenaires de vie : au dessin de rendre cette vitalité propre aux arbres de la ville, d’enregistrer les tumultes de la journée et les soubresauts nocturnes, les palabres et les légendes dont ils sont auréolés.

Tal Waldman

Avec « Entrelacés » l’artiste propose une tapisserie et une sculpture jouant à la fois de la force de l’enchevêtrement et de la disponibilité de l’entre-deux. Un volume jaillit de l’ordre plan, un nouvel espace, chaotique, ouvert, en rupture avec un ordre établi, et des excroissances qui s’enlacent, se nourrissent de la matière des tissus récupérés, des perles de porcelaine ou morceaux de bois. Des tentacules s’élèvent, se cherchent dans le matériau quotidien et flexible, sans arrogance, des entités vivantes, sensibles et intelligentes, qui se tiennent au plus près de ces matières fertiles, sans s’élever au -dessus d’elles. Elles forment comme une toile, qui fait tenir ensemble matières et images, où tout peut aussi se laisser prendre.

Dans sa création polymorphe Tal Waldman explore les potentialités de plusieurs médiums, la sculpture, le dessin, la peinture, la photographie et les installations, avec une sensibilité particulière au textile. Elle s’inspire des différentes cultures qu’elle a rencontrées lors de ses résidences et de ses études d’art et d’architecture en Israël, en Inde, en Allemagne, en Grèce et à Paris où elle vit.

Elle joue des connexions et des ramifications du textile, des techniques traditionnelles qui tissent des liens. Sa participation à « Mémoires Brodées » à la Piscine en 2016 est très significative de son parcours, de même que le prix de la ville de Paris, le prix Jules Pansu pour la rénovation de tapisseries Jacquart. Engagée dans une démarche environnementale et membre du mouvement international Art et Société, elle est régulièrement exposée à l’international.

Lydia Ymel

Ymel s’intéresse dans cette série des SERRES à la relation qu’entretiennent les éléments naturels et la ville. Celles-ciconservent et sauvegardent des composantes de ces espaces urbains traversés par les habitants. Elles constituent la part visible d’un travail se développant en amont. C’est en effet tout un protocole que sous-entend sa démarche : délimitation d’un territoire sur lequel intervenir, rencontres, déplacement sur le terrain, collecte qui mène à la composition de l’œuvre, à l’enregistrement des traces et empreintes de la vie sur ce territoire.

Chaque œuvre constitue un récit, un pan de vie, une expérience personnelle prise dans un parcours de vie et ses enchaînements qu’elle écoute avec la plus grande fidélité : des racines en Côte d’Ivoire, le goût des voyages transmis par ses parents, une formation à la recherche anthropologique et aux enquêtes de terrain. Elle entre en résonnance avec le soi vivant, le soi pris dans la vie et toutes les forces qui la contraignent et la conduisent, la plient et la provoquent, avec une approche de l’affinité tant recherchée entre la ville et la nature. Elle travaille actuellement au 6b de Saint Denis.

Et la participation exceptionnelle de Rachid Koraïchi, “le Jardin d’Afrique”

Rachid Koraïchi, c’est un ensemble d’expositions prestigieuses vues en Afrique, sur le bassin de la Méditerranée, en Europe, aux Etats Unis : le chemin des roses, les ancêtres liés aux étoiles, Variations Indigo … un travail qui convoque tous les arts, tous les matériaux, qui s’ancre dans la culture de l’Islam pour élaborer une écriture vivante et vibrante de l’héritage des cultures. Les formes et les signes qui surgissent dans sa création portent les qualités extrêmes de la lumière et de l’ombre et se chargent de l’intensité de cet espace solaire, des déchirures de son histoire.

En juin de cette année, Rachid inaugure à Zarzis, sur les côtes tunisiennes proches de Djerba un cimetière et un mémorial pour redonner identité et dignité à tous les réfugiés péris en mer, le “Jardin d’Afrique”

 Rachid Koraïchi est né à Ain Beïda (Algérie). Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux -Arts d’Alger (1967 – 1971) –   de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (1971 – 1975) –   de l’École nationale supérieure des Beaux- Arts de Paris (1975 1977) – Maîtrise de l’Institut d’Urbanisme de l’Académie de Paris (1973 – 1975).Il a fait de l’art un levier d’action pour célébrer et réparer le monde, transmettre l’excellence des artisans aujourd’hui ensevelis dans les ruines des villes dévastées par la guerre, lutter contre les désastres.

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