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Mundus Imaginalis

Dessins de Katayoun Rouhi

l’exposition est encore visible sur RV , jusqu’à vendredi 10 mars

28 janvier- 4 mars 2023

vernissage le samedi 28 janvier 17h30

avec une performance de Golestan Outil-Rouhi à 18h30

Dans ses grands dessins d’arbres épurés, étirés comme des empreintes de la “nécessité intérieure” Katayoun trace une voie vers le labyrinthe de l’âme, le monde imaginal de la tradition iranienne du XIIème siècle. Les images ne conservent des choses qu’une extériorité minimale, toutes en retentissement, en résonnance, en  échos intérieurs de cette rencontre accordée à la nature, au sol et au ciel, au minéral et au végétal. L’arbre se simplifie à l’extrême, se transforme en antenne pour capter cet autre monde. Elle le dessine comme s’il grandissait en elle entre terre et ciel, se courbait et se cambrait en pondérant les masses autour de lui avec une légèreté infinie, se pliait aux injonctions de la petite fille avec sa robe d’enfance de l’art, qui, en retour, a besoin de lui pour s’enfoncer dans son chemin d’ombre et de mystère, traverser les voiles de bleu.   Le regard se prend à considérer le dessin comme une cartographie intérieure de l’âme dont on peut lire le cours dans cette ligne axiale autour de laquelle le corps se déplie et s’enveloppe, se ramifie. La ligne de l’âme, la ligne de son horizon.

HCE Galerie a exposé en 2017 les grandes peintures de l’artiste , ses interrogations sur la miniature persane. Ses dessins explorent dans le monde ordinaire la singulière proximité de l’étrange et du familier et d’autres incroyables réverbérations de cultures lointaines dans notre espace. Circulant entre les mondes, Katayoun est une artiste internationalement reconnue; elle expose actuellement à Londres, à SOAS Gallery.

Vendredi 17 février à 18h, à HCE Galerie

Conversation autour du monde imaginal

avec Katayoun Rouhi

Patrick Vauday, professeur émérite à Paris 8, spécialiste de l’esthétique des images

Behrang Pourhosseini, musicien et philosophe

Henri Corbin forge ce concept pour donner un statut ontologique à l’image, envisagée dans le monde platonicien comme fictive, illusoire et fausse. Il transmet ainsi l’essentiel de la tradition iranienne, ce monde intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible, à la fois médian et médiateur. Il rapproche de l’humain un monde de concepts de plus en plus éthérés et inaccessibles, et il éclaire un monde sensible qui n’a que trop tendance à s’opacifier, s’alourdir et s’épaissir. C’est un monde d’images à l’adresse de la faculté la plus subtile de l’âme qu’est l’imagination créatrice, sensible à la transcendance et l’invisible, celles que l’on trouve dans les théophanies et autres épiphanies, des manifestations, des révélations de l’invisible. C’est aussi le monde du « non où », il n’est pas situable, mais il permet de situer, de se situer en s’orientant au sens propre du terme, en donnant à la recherche un « orient », de suivre une lumière ; élaboré au 12ème siècle par les néo-platoniciens de Perse, c’est une belle approximation de l’art.

On pénètre dans le monde imaginal par les récits fabuleux et visionnaires de ces philosophes de la Perse du XIIème, Sohravardi, Attar, … des soufis révélés, traduits et commentés par Henry Corbin, Le récit de l’exil occidental, le récit de l’archange empourpré, le vade-mecum des fidèles d’amour, la conférence des oiseaux…Tout ce qui est perceptible dans notre monde sensible trouve son analogon dans ce monde à travers des images primordiales, l’arbre de vie, la source de vie, la lumière et l’ombre, la terre et les éléments, des images « en suspens » comme dans un miroir, celui de l’âme qui rassemble et unifie toutes ses puissances dans l’imagination créatrice.

Visionnaires, ces récits supposent une vision spirituelle, supraconsciente, une vision contemplative du monde où le visible devient le « temple » de l’invisible. Une démarche qui trouve chez Platon son origine, poursuivie par Plotin. Celui que l’on aura guidé jusqu’ici sur le chemin de l’amour, après avoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière, arrivant au terme suprême, aura la soudaine vision d’une beauté de nature merveilleuse (Le Banquet). Le Monde imaginal est -il la vision d’un autre monde ou une autre vision du monde ? peut -on parler d’un événement de l’âme ?Y a-t-il un sens à évoquer « l’Ange de la Terre » ?

Vendredi 3 mars 2023, à partir de 17h

clôture de l’exposition

18h30 performance de Golestan Outil-Rouhi

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