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le Mythe du Délire

projection des films du projet “le Mythe du Délire”

d’Evandro Scorsin

avec la performance d’Albert-Henri Moyrand

et la musique live de Paradoxe

Le 27 novembre 2021

deux séances de projection et discussion avec le réalisateur

-une séance à 15h

-une séance à 17h

La dématérialisation de la nature rencontre la simulation de la réalité. Tout est faux, mais bien vrai. Le Mythe du Délire est composé d’un ensemble de deux écrans projetés sur un mur blanc couvert par la nature et des images interactives qui émergent dans le téléphone portable du spectateur. Une expérience immersive dans un monde saturé d’images qui se complètent avec la performance d’Albert-Henri Moyrand et l’interaction musicale de Paradoxe Music.

Les caméras sont partout dans le monde contemporain. Elles projettent toute la mémoire du monde, enregistrent et surveillent l’existence humaine tout en générant, paradoxalement,  des fictions, des simulations où s’affrontent réalités et rêves, vérités, mensonges et délires. Dans le Mythe du Délire, la caméra est un prolongement de la nature, un objet autonome, un regard exogène et un Deus ex machina. Parmi fantasmes pandémiques, théories du complot et Fake News, on suit le récit d’un homme piégé dans la grotte de sa mémoire. Il ignore le monde extérieur et vit dans les projections de ses souvenirs idéalisés. Dehors une pandémie, tout un monde en crise qu’il oublie. En même temps, dans une autre réalité, dans un autre temps, dans une autre simulation, l’homme cherche un sens pour sa vie dans un monde plat habité par des êtres reptiliens.

Morgana Horst

Le cinéma d’Evandro Scorsin sur les murs de HCE

Plus qu’une séance de cinéma, un retour à l’origine, au cinématographe ou « écriture du mouvement » sur les murs de HCE, association de l’habileté du magicien et de la captation de la lumière, laquelle révèle, éclaire, mais crée aussi l’illusion. Les images se projettent sur deux écrans parallèles, sur fond de végétation invasive, puis sur un troisième à chercher très bas, jusqu’au vertige, et encore celui du portable. Une performance de Albert Henri Moyrand en porteur de lanterne de cette fantasmagorie et la musique Live de Paradoxe balisent ce flux d’images captivantes qui déroule ses vagues à l’horizon du délire. Elles se délient, se délitent, se dilatent, s’enchevêtrent à l’image de tous ces mondes possibles, ébauchés ou avortés qui interfèrent avec le nôtre, se rappelant à nous sur des écrans omniprésents.

Ces images denses et fugitives déferlent en même temps dans leur cadrage et leur formatage de « capture d’écran ». Elles ne peuvent survivre un moment dans la sensibilité qu’en étant réassemblées sur une table de mixage intérieure adaptée à l’éclatement du temps, à son morcellement en instants heureux autant que fous : ils rassemblent, condensent une pluralité de sensations coexistantes et simultanément perçues dans le halo de musique et de théâtralité qui les accompagne. Sur des figures humaines hallucinées flottent à la dérive des nappes de pseudo mondes, de simulations, de stimulations, toutes très contigües entre veille et sommeil.

Et puis, quand c’est fini, Evandro met des mots sur ces images, et c’est un autre flux qui se met en place. Il évoque ses idoles, Jean Luc Godart et sa volonté de faire apparaitre les choses dans des images qu’on n’a jamais vues, les ombres errantes du cinéma de Wim Wenders, la fluidité, l’immatérialité des flux d’images dans ses propres expériences, les bouleversements du récit et du temps, il tâtonne dans les mots français qui s’arrachent au portugais en s’appuyant sur les propositions de ses ami-es dans la salle, a peu près tous étrangers et très intuitifs, pour dire le feuilletage du réel, l’enchevêtrement de ses stratifications à travers l’équivoque des mots. Ce flux vocal prend possession de l’espace et des esprits, se partage, semble suinter des murs habitués aux dérives linguistiques de Joyce et dans un raccourci temporel anticipe sur l’esprit qui anime notre galerie.

Merci Evandro !

HCE Galerie, décembre 2021

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