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Figuration

exposition du 12 au 26 mars 2022

vernissage le 12 mars 2022 à 17h

curateur: Gastineau Massamba

La figuration, une attention particulière aux singularités, aux reliefs des êtres et des choses, aux corps, aux lieux ; une manière intense d’habiter le monde en laissant remonter à la surface de la toile ce qui le rend inhabitable ; le tout dans un mouvement de transfiguration, une touche de sérénité.

Avec leurs œuvres déjà réalisées, les artistes présenteront une esquisse, une réaction au printemps meurtrier en Ukraine. Si vous voulez partager une œuvre de ce genre, un dessin , ou un texte, n’hésitez pas à les apporter : on en parlera le 12 mars !

samedi 19 mars à 17h: rencontre avec les artistes; la figuration à l’oeuvre

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Une exposition qui rassemble plusieurs artistes se propose le plus souvent de faire découvrir une pluralité, une diversité de styles ; elle peut aussi se fixer un but lointain, une fin dernière difficilement accessible qui est celle du  « visage de l’homme » ou de sa « mesure » dans un monde de plus en plus incertain et inquiétant : La peinture s’inscrit dans « la parabole graphique » sans cesse recommencée de la condition humaine, dans le travail de la figuration et d’interrogations sur l’être singulier et pluriel au plus profond de nous.

Une fois libérés des contraintes étroites de la fidélité au réel et de la narration, les artistes s’accrochent à l’expression ou la représentation de la figure humaine, parce que c’est là que l’on saisit le mieux l’émergence de la figure à partir du fond ou même du sans fond d’un monde déroutant, angoissant et de plus en plus précaire. La figure est plus allusive que descriptive, plus proche du masque que du portrait, livrée au grotesque et au fantastique, à des déformations essentielles, dans un mixte de figurations, défigurations et transfigurations. Matisse disait déjà que le portrait, c’est « la brouille » ; Brauner évoquait une image métamorphique et « la guerre morphologique » de l’homme, la proximité des forces de vie et de mort, l’ambivalence des gestes de caresse et de menace…

Le travail de figuration qui hante la peinture met en tension la réussite la plus exceptionnelle, la présence et l’éclat de l’œuvre et le fond le plus obscur, le plus désespérant dont elle émerge :dans le domaine de la peinture,  c’est à la nuit que le jour doit son éclat ; Bataille, après Baudelaire, lie la beauté à l’horreur.la puissance figurative d’un regard bleu lui vient de son ouverture sur le bleu du ciel, d’un affrontement particulier; « Nous ne pouvons égaler ce ciel vide qui nous traite infiniment en meurtrier, nous anéantissant jusqu’au  dernier »

Cette exposition a un curateur : L’artiste Gastineau Massamba. Il a choisi le thème et aussi les artistes.  Il connait actuellement une réussite exceptionnelle avec ses « Peintures Noires » et la puissance de transfiguration qui s’y manifeste. En surface une peinture « apollinienne », des touches chatoyantes qui portent la couleur à son point d’ébullition et à des effervescences festives, émergeant d’un fond « dionysiaque » où apparaissent en premier des humains erratiques, des ombres enlisées dans la violence du monde.

Elle se fait aussi avec ses artistes, qui exposant leurs œuvres, s’exposent également, avec des aperçus sur leur parcours de création et le travail de figuration qui les traverse, comme le travail du rêve s’impose dans leurs nuits. Il y aura donc des rencontres amicales, des confrontations bienveillantes pour cerner leur figuration, servies par des textes radicaux comme celui-ci, de Hegel

« l’art dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable, la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même »

Ou celui-là, de Lacan

« Il y a une horrible découverte, celle de la chair qu’on ne voit jamais, le fond des choses, l’envers de la face, du visage, les sécrétats par excellence, la chair dont tout sort, au plus profond même du mystère, la chair en tant qu’elle est souffrante, qu’elle est informe, que sa forme par soi-même est quelque chose qui provoque l’angoisse. Vision d’angoisse, dernière révélation du tu es ceci- Tu es ceci qui est le plus loin de toi, ceci qui est le plus informe » (Le Séminaire II)

Les Artistes

Liz Adams. « La mélodie des choses »

Liz Adams aime peindre les visages quand ils sont animés par le chant, sa musique, son rythme, son tempo, la diversité de ses mouvements. Le chant se prolonge dans la peinture, dans cette manière de « mettre le ton », joyeuse, allègre et lyrique, jusqu’à atteindre la dimension chorale de ce concert d’accents et d’éclats de couleur. Une peinture qui appelle une expérience synesthésique, l’accès à cette expression ultime de Rilke, « le chant profond des choses »

J’ai toujours été fasciné par les visages. Les chanteurs que je peins représentent la création avec une voix unique. Je m’intéresse à la transmission des expressions inattendues sur les visages des chanteurs. Il y a un ton émotionnel ambigu sur le visage de quelqu’un qui chante.  … Ils confrontent leur réalité avec le pouvoir de l’imagination. Ils s’expriment dans des chansons d’idées et de symboles. Ils sont non-conformistes, chacun est différent. Ils viennent du monde entier et d’aucun endroit en particulier. Ils sont de tous âges et sans âge…(Liz Adams) 

Sara Danguis. L’utopie des corps

Sara Danguis est hantée par l’autoportrait, pendant un an elle a fixé au jour le jour les nuances, les ébauches expressives de son propre visage. C’est maintenant son corps dans son ensemble qui se constitue en visage, dont elle explore la manière d’être chair, la ligne et son expression individuelle, sexuelle, le style, à travers une série de variations figuratives. Le corps est la source d’images récurrentes, le centre d’un trouble essentiel et d’une « topique » impitoyable ; un lieu qu’on ne peut quitter, où l’on est condamné à être, sans recours, une mine de blessures possibles reflétée tous les matins sur les miroirs de la salle de bain. Mais en même temps, toujours ailleurs, le centre du noyau utopique à partir duquel on parle, imagine et rêve, le corps du désir, prêtant sa peau à tous les ailleurs du monde.

Hamm. Les yeux de la ville

Hamm vit au Congo, dans l’effervescence et les débordements d’une grande ville. Ses visages sont des collages qui intègrent les signes, les écrits, les fragments de journaux et les milliers d’images qui recouvrent les murs. Ils affleurent du fond, du plus profond de la ville, suintent des murs et des portes, du mobilier urbain ; Ils sont le visage, le regard de la ville, des esquisses dans le flux protéiforme d’un territoire plein de vie.

Catherine Olivier. Une visibilité flottante

Catherine Olivier nous a habitués à une figuration particulière et énigmatique ; ses images conservent un potentiel d’indétermination et d’incertitude, une clarté sans distinction. Ce ne sont souvent que des empreintes qui rappellent des temps lointains, des survivances du passé qui se sont retirées très loin, ou des images en cours de formation, voire de migrations vers d’autres mondes, d’autres cultures avec lesquelles elle est en affinité. Une figuration entre apparitions et disparitions, ancrée dans un espace et un temps bien à elle, qui évoque une « visibilité flottante » et les univers virtuels, poétiques, auxquels donnent accès la nuit, le sommeil ou la plage.

Romain Zeder. Peintures traversières

Romain Zeder cherche les moyens de rendre compte du monde présent, de ses atmosphères et ambiances, d’un réel complexe où les choses sont tellement enchevêtrées qu’on ne peut les démêler. Il les aborde avec tout ce qui le traverse et le tord de l’intérieur, tout ce qui hante le peintre et le philosophe

 J’ai tiré de ma pratique le sentiment que la peinture-matière peut prendre trois formes fondamentales. Une forme liquide, qui a chez moi souvent l’aspect de coulures, comme si la lumière devenait liquide ; une forme plus « gazeuse » floue et imprécise que je représente en utilisant une technique pointilliste ; et une forme solide voire cristalline où l’objet donne à voir son intérieur et devient transparent. (Romain Zeder)

Un fabricant d’images maraboutées chez qui le mouvement intérieur secoue et cogne le visible comme un sourd, où l’émotion diffuse, parfois confuse, érafle de son couteau effilé et rend visible la blessure qui traverse secrètement les femmes, les hommes, les tables les verres, les objets et l’air ambiant entre eux. Un mouvement qui se fige après avoir jailli de l’image comme si nos yeux et notre esprit en se déplaçant trop et trop vite, laissaient sur nos rétines des traces, des traînées lumineuses sur sa toile. Le lien aux êtres et l’attention très spéciale qu’on leur porte, enfin visible (Nicolas Roméas)

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