Expositions
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Ecriture Sauvage

Sylvie Pohin et Gad Cohen

Photographies, livre peint, sculptures

du 8 au 22 mai 2021

Fête de clôture le samedi 22 mai, à partir de 14h

en présence de Marcel Lubac

J’ouvris les yeux, quel surcroît de sensations ! la lumière, la voûte céleste, la verdure de la terre, le cristal des eaux, tout m’occupait, m’animait et me donnait un sentiment inexplicable de plaisir : je crus d’abord que tous ces objets étaient en moi et faisaient partie de moi-même.

(Buffon, Histoire naturelle, de l’homme.)

 La nature se rêve dans les variations, les infimes virtualités et les vibrations diffuses dans les jeux du ciel et de l’atmosphère, les trompe l’œil du miroir des eaux, les marivaudages de l’ombre et la lumière, les chevêtres de la végétation. Ce rêve se poursuit, se prolonge dans la peinture et la photographie, dans la sensibilité aux changements minimes que la naissance de la lumière donne aux choses, dans la recomposition des images et des ombres aux différentes heures de la journée, la variation continue des tonalités de la couleur quand on se déplace dans le paysage, les métamorphoses qui accompagnent ce miracle quotidien de la venue des choses à la présence. Sylvie Pohin travaille dans la magie de cette révélation en utilisant toutes les ressources de l’art numérique pour produire des images inédites, les seules possibles pour explorer un monde virtuel, un monde qui n’existe qu’en puissance et gronde à la limite du possible, celui des mouvements imperceptibles et de leurs vitesse inestimable, des multiples ébauches qui se brouillent et se surimpressionnent : saisir ce « travail du rêve » de la nature dans son écriture. Des nappes de temporalité, des étendues affectées par le temps, des images-temps paradoxales enregistrent les images mnésiques de la vie de la nature, les engrammes des flux et fluences mouillées mêlant les sèves dans le creuset du rêve ; de multiples « échoerrances « parcourent, creusent, ravinent la surface de la photographie et font retentir dans leurs traces les modifications de cette mêlée ou mélange en fusion permanente.

Un livre peint donne une version analogique de ce travail du rêve, l’accompagnement d’un poème de Desnos. L’arbre est un arc tendu entre ciel et terre ; la feuille se coule vers la branche, qui se tend vers l’arbre, lequel par sa racine plonge au plus profond de la terre. Des compositions très subtiles donnent différentes tensions à cette ligne, en multiplie les inflexions.

Les sculptures en bois de Gad Cohen s’intègrent à merveille dans ce travail du rêve. Il est comme un maître en illusion lorsqu’il recycle les bouts de bois dont il dispose à proximité. Il leur donne une vie virtuelle dans des assemblages qui dialoguent intimement avec le travail de Sylvie Pohin. Rassemblés en superpositions touffues et serrées, ses bois ménagent une profondeur, une traversée des apparences et des trouées vers la lumière, vers des clairières inédites, comme les photographies qu’ils côtoient. Ils peuvent se présenter comme des signes de ponctuation en couleur, des rythmes introduits dans une écriture indéchiffrable, des vibrations musicales où retentit la voix impénétrable de la nature. Ses sculptures dans ce monde de virtualités demeurent des ébauches solidement coefficientées en présence et en aura, avec un je ne sais quoi bien à lui, qu’on pourrait appeler une « concrescence »…

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