Expositions
Leave a comment

Brains out

Dessins et sculptures de Fergus Sindall (6b, Saint- Denis)

24 novembre- 22 décembre 2022

vernissage jeudi 24 novembre 18h

Fergus a beaucoup circulé dans le monde et traversé des mondes, fonderie d’art à Londres, ateliers d’estampes et d’impressions à Pékin, travail traditionnel du bois en Thaïlande et …berger dans les Alpes. Il en ramène ses expériences enchevêtrées dans une immense pelote qu’il démêle peu à peu dans ses espaces énigmatiques, habités par des êtres tout en lignes et circonvolutions, ses chevêtres, artistes, penseurs en prise aux signes inquiétants du monde, traces et empreintes de l’ailleurs, hiéroglyphes, rhizomes et chorégraphies insensées.

La sculpture est une manière de tendre avec un maximum d’intensité le réseau embrouillé et emmêlé d’idées et de désirs, le rhizome touffu de racines qui l’attachent à ses terrains d’expérience, dans un geste qui est comme « un tour de vis », une façon de donner une tension particulière à une forme, et en même temps de fouiller, d’explorer, de mettre à jour, d’écouter, tout ce que le mot « chirurgie » rassemble, « l’urgence de la main ». La sculpture n’attend pas, il faut s’y mettre, y aller, plonger dans le chaos, à même le bois tendre.

Ainsi entendue, la sculpture est un véritable affolement sur un mode tragi-comique, celui des contes de Shakespeare ou de Lewis Carroll : le cerveau sort de la tête, ses lobes se contorsionnent, les yeux et les oreilles débordent eux aussi, sortent des bords sages où ils sont confinés, coulant l’un sur l’autre et brouillant leurs fonctions respectives. L’œil écoute, l’oreille voit. Les sens se secouent et se prêtent secours pour s’enfoncer dans la secrète élasticité du bois, entendre, palper, toucher d’autres vibrations du monde.

Dans ce corps à corps fiévreux du ciseau et du marteau au cœur du bois se dessine une visée ultime, une figure où l’enchevêtrement s’ordonne en lignes épurées, celles des signes mathématiques ou des écritures enluminées, comme des approches fluides et continues de l’infini, « des infinitions », ou des agencements harmonieux et équilibrés de frêles architectures, comme celle de cet œil, lumière noire d’un monde lointain dont l’empreinte a été dégagée pour mettre un terme au chaos et au vent de folies.

HCE Galerie

photos vernissage, Isabelle Malandrin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *