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X Chants Orphiques pour la Nature

HCE Galerie/ Salon du Dessin 93
X Chants Orphiques pour la Nature

samedi 16 mars au mardi 2 avril 2019
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vernissage samedi 16 mars à 17h


Dans la mythologie de la Grèce antique Orphée est ce héros qui affronte ténèbres et menaces avec les seules ressources du chant et de la musique, il agit par enchantement.

Face aux inquiétudes et menaces de plus en plus lourdes autour de la nature, les artistes rassemblés par Gastineau Massamba, curateur de l’exposition en collaboration avec HCE Galerie, ont trouvé dans l’économie intime du retrait que procure le dessin une forme de précarité existentielle mais aussi, au terme du désarmement une source orphique d’enchantement. Leur trait se love dans les méandres du désir, se met à invoquer, il devient incantation. Il donne une forme aux suggestions sexuelles de la nature et à tout ce qui en elle est parade amoureuse, puissance de séduction. A la surface du papier la création spontanée de la nature se déploie librement en courant érotique, le dessin se fait caresse, il s’adresse autant à l’œil qu’au toucher.

Dessins de : Anaïs Charras (France), Sara Danguis (France), Mouhamadou Moustapha Diop(Sénégal), Hamm (M’Baye Habib) (Congo),Aurélie Mangiavillano (France), Catherine Ollivier(France), Sylvie Pohin (France), Eizo Sakata (Japon), Balyc Shako (RDC), Yuri Zupancic (USA) et un dessin de Barthelémy Toguo (Cameroun)

événements pendant l’exposition

Le samedi 23 mars à 17h, à HCE Galerie, conférence : l’orphisme aujourd’hui , par Georges Quidet

Le samedi 30 mars à 17h table ronde avec les artistes et fête de clôture de l’exposition


catalogue en cours…

Sara Danguis

C’est l’aurore. Une femme nue devant la mer ou dans une clairière, dans une pose que l’on rencontre souvent dans l’histoire de la peinture, celle de la vérité mise à nue. Son visage est voilé, secrètement voilé, protégé des atteintes ou dont la présence est sauvée comme par le voile de Véronique ? Tout un voile léger de mélancolie est tombé aussi sur la scène, qui efface les visages et fait écran à la lumière, la tamise et donne à l’ensemble une profondeur, un caractère lointain. Le voile dissimule et révèle en même temps .Il rappelle le fameux voile d’Isis, celui qui dérobe les secrets de la nature, que l’on force dans la tradition prométhéenne de l’humanité, ou que l’on respecte dans la tradition orphique, parce que le réel conserve ainsi son mystère. Celui ci n’a rien de caché ou de dissimulé, il est révélé à celui qui est disposé à ouvrir les yeux sur une dimension insoupçonnée de la réalité, une dimension peut être perdue ou qui pourrait se perdre, que l’on perdrait avec beaucoup de dommage. Le mystère s’étend avec les titres donnés à ces dessins, qui évoquent des lieux de Macédoine, un pays qui semble encore plongé dans une belle antiquité gréco-latine, un lieu où ces choses « ont eu lieu ».

On ne s’attend pas à de fracassantes révélations, comme dans les mystères d’Eleusis. La peinture bien posée interroge la matière dont est faite la femme peinte : Ici elle semble sortir de la mer, naître de la mer comme Aphrodite, engendrée de l’écume blanche, elle-même provoquée par le sperme d’Ouranos (le Ciel) répandu dans les flots après qu’il eût été émasculé par son fils Cronos- le Temps ! C’est du moins ce que raconte la légende ! Sara est plus prosaïque et sa peinture n’en est que plus mystérieuse. Avec cet effet de voile le corps rentre dans l’arrière plan du paysage et se confond avec lui, de telle sorte qu’il ne subsiste à la surface du tableau qu’un très subtil mélange de couleurs et un brassage de tous les éléments, de l’eau, du vent et même des feuillages qui s’inclinent vers cette femme, comme le faisaient les arbres sous la lyre d’Orphée. La matière au bout du pinceau et qui donne une chair à cette Aphrodite est bien faite d’écume, mais de celle qui se produit à la rencontre des flux et des fluides, de l’écume des jours et des temps, dans l’heur du présent, du passé et du futur.

Là c’est dans une clairière au milieu d’un bois menaçant d’obscurité que l’apparition se fait avec le même tremblé de la peinture, dans une lumière ouatée qui impose un silence méditatif propice au sacré, à un rituel de « crainte et tremblement ». Le vert a coulé des grands arbres dévitalisés et s’exhale du sol en vapeur légère et lumineuse, il vient nimber ce corps de femme et ses blasons, il en façonne les contours, il en interroge la consistance : sa chair ne provient elle pas de l’esprit de la nature, de ce lent et patient travail de genèse entre la lumière et le sol pour produire le végétal et toutes les ressources nécessaires à la vie, n’est ce pas cette sève qui coule en elle et lui donne vie, bien mieux que l’argile dont est fabriqué Adam, le premier homme…

Sur l’homme et la femme, sur leurs liens et leurs luttes tout semble avoir été dit, tous les voiles sont levés et pourtant quand l’artiste sonde son papier, ses crayons et ses couleurs pour en signifier quelque chose il parait désarmé, ou pas mieux armé que quiconque, et d’ailleurs on ne l’attend pas sur ce terrain .En dessinant Sara Danguis se confie entièrement au papier au contact duquel ses formes et ses couleurs feront surface comme d’une source cachée en dessous, et dont elle assure le passage. C ‘est sans doute là que réside le mystère de ses apparitions qui évoquent des naissances d’êtres de papier à accompagner avec soin pour en préserver la fragilité et l’enchantement, à qui elle assure une existence orphique. On ne sera pas étonné de trouver dans cette exposition un dessin qui est comme un acte de foi et un manifeste artistique : celui de ce corps de femme surgissant d’un papier kraft froissé, d’un emballage pour légumes.

HCE Galerie / Georges Quidet


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