EXPOSITION de Yuri Zupancic
“Présent composé” 13 avril – 11 mai 2019
vernissage samedi 13 avril 17-21h
peintures, acrylique sur déchets informatiques, hologramme, vidéo
commissaire de l’exposition Pauline Rolland
à l’initiative de Gastineau Massamba
Fasciné par l’ambivalence des effets et des ressources quasi vitales de la technologie, Yuri Zupancic peint la vie aux confins des entrailles d’ordinateurs. Son médium principal est l’huile sur microprocesseurs, technique pour laquelle il utilise une brosse faite d’un seul cil pour peindre de minuscules tableaux.
Ces oeuvres montrent des scènes poétiques et métaphoriques sur les petits pavés que forme l’autoroute de l’information moderne. Les peintures sur micropuces sont visibles à l’oeil nu, mais l’artiste offre des loupes à ses expositions pour permettre au public de rentrer dans un monde minuscule tout en détail.
fête de clôture de l’exposition
intermède musical de Yuri Zupancic
samedi 11 mai à 17h
le présent composé selon Yuri Zupancic
On attend d’une œuvre contemporaine qu’elle nous dise quelque chose sur le temps où nous vivons, non seulement sur ce qui se passe dans ce temps, mais surtout sur la temporalité, sur notre rapport au passé, au présent, au futur, à notre façon d’être dans la présence et la permanence, dans la succession et la simultanéité
Yuri Zupancic nous propose dans son travail une modalité temporelle bien à lui, qu’il nomme « présent composé », rendue possible par tous les appareils qui nous connectent aux réseaux du monde et nous assurent quasiment l’ubiquité dans l’espace et l’omniprésence dans le temps, deux attributs jadis réservés à l’existence de Dieu. Les microprocesseurs sur lesquels il peint à l’acrylique avec un seul cil, avec une finesse extrême ne se contentent pas de transmettre toutes les informations pour vivre plus pleinement le temps présent, ils ont promu « l’ici et le maintenant » bien au-delà de leurs limites spatiales et temporelles .Mais avec le risque toujours possible dans ce monde connecté de se couper du réel en sombrant non dans l’infini mais dans une virtualité morose, l’illusion de la connexion généralisée et pourquoi pas un système d’asservissement général. L’œil de « big brother » retrouve son actualité…
Dans la sensibilité de l’artiste cette forme verbale inédite et paradoxale ancrée dans nos formes de vie connectée trouve son origine et sa fraîcheur dans le cubisme, dans le travail sur l’espace où toutes les perspectives sur un même sujet se déploient en même temps et permettent même de l’envisager dans des temps différents. L’éclatement des références spatiales et temporelles, la superposition et la condensation des plans et des moments induisent une autre forme de vie intense, avec de nouveaux rapports entre le repos et le mouvement, des variations d’échelle et de proportions, entre miniaturisation et gigantisme…
L’artiste nous invite à entrer dans son présent composé, dans son travail où se condensent toutes les techniques, depuis le dessin jusqu’à la création numérique, dans sa vie de « singulier pluriel » où il actualise dans un même temps une vie de cow boy dans les plaines du Kansas, une vie pleine d’esprit dans le monde de New York et une vie d’artiste à Bagnolet éprise des métamorphoses d’un corps aimé accordé au sien .Dans ce temps chacun a à sa disposition tous les âges de son existence, de la petite enfance au temps présent et au temps à venir, échappant ainsi au cours inexorable et convenu qui conduit de la naissance à la mort. Une extase d’éternité dans le temps. C’est vraiment un temps pour aujourd’hui : il n’y a pas de lendemains qui chantent et le passé n’a pas à être revécu. Le présent composé est bien ce temps infini qui s’ouvre à l’artiste avec son feuilletage de perspectives et d’horizons sur l’immensité intime des petites choses.
Une exposition qui laisse à chacun l’exploration d’une nouvelle « conjugaison » et la recherche de son « présent composé »
HCE Galerie/ Georges Quidet