Phélix Ludop

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Phélix Ludop est né en 1968 à la Martinique. C’est dans cette île aux fleurs que nait aussi sa peinture où tout semble fleurir. Il assurera avec la fougue qu’on lui connait la promotion de son île avec ses expositions, événements et soutien au développement artistique.

Une soif inépuisable des cultures des cinq continents, de leurs textes fondateurs, et aussi une mémoire peu commune le destinent à une œuvre monumentale et universaliste conçue comme la cartographie du trait d’union entre les cultures, « Unité », une série de 48 tableaux peints entre 1999 et 2000 pour signer le passage au 3ème millénaire. Dans le même esprit il multiplie sans restrictives ses interventions dans le monde, à Aubervilliers, Shanghai, Ramallah, le Maroc… avec des dessins, peintures et sculptures qui oscillent entre l’épure et l’exubérance baroque.

Il inscrit ses œuvres dans un univers personnel, un « jeu du monde » qu’il a nommé la « Ludopie », qui se révèle au fil des œuvres avec la répétition de signes plastiques, de blasons et de formes énigmatiques : Dans un futur indéfini notre monde aura disparu et des archéologues en retrouveront les vestiges bien longtemps après. L’artiste se substitue à cette patine du temps qui en passant et repassant sur le monde dans un éternel retour, comme le font les marées sur les plates-formes de corail, érode les formes pour ne garder que les embryons de l’essentiel insaisissable- plan d’Atlantides disparues ou de citadelles intérieures aussi inaccessibles que des villes tibétaines ou tracés de cette puissance qui s’exprime en fleurs et en couleurs…


Phélix LUDOP

né le 14 novembre 1968
au Robert (Martinique)
e-mail : phelixludop@yahoo.fr
Maison des artistes : L 371237

Le professionnel

1991-1993

Création de Synthem Consulting Group, société de conseil en communication d’entreprise.

1992-1996

Conseiller du magazine « Happy Few », il prend en charge la rédaction de la rubrique artistique.
Juin 1996
Organisateur conseil auprès de la direction de la prestigieuse manifestation de Peintres des années Cinquante à la galerie d’art de la place Beauvau Paris 8ème (700 m²) réunissant les meilleurs peintres de la dernière école de Paris, tels : Bernard
Buffet, Gruber, Cara Costéa, Lorjou, Michel-Henry, etc…2000 visiteurs au vernissage.

Le créateur

1989

De nombreuses oeuvres sont reconnues dans plusieurs collections : Jean-Christophe Heidsick,Patrice Lemarchand, Henri Pinatel, Happy Few, la princesse Ira de Furstenberg….

1991-1992

Crée une toile pour la ville du Robert pour le jumelage avec la ville de Sainte-Rose
(Guadeloupe)

1995

Crée la « lampe Obélisque ludopien » pour l’exposition de l’Egypte à l’Unesco (Président Fédérico Mayor).

1997

Exposition au 9, rue Octave Feuillet sous le Haut patronage de Mr Taittinger maire du 16ème arrondissement
Exposition à la galerie Maison Créole, Fort-de-France .

Mai 1997

Exposition au casino Batelière Plazza

1998-1999

Dix commandes particulières, du 60F (97×130) au 120 F (130×195).

2000

Création de 50 tableaux à flux tendu .
Projet Unité : Migration ludopienne et convergence des sens : une oeuvre monumentale de 48 tableaux (97×130), véritable hymne à la tolérance et au rapprochement nécessaire entre les peuples.Elle personnifie également l’interdépendance de chaque chose, élément ou personne sur terre.L’ensemble des pièces formes un tout, conçu comme une seule et même entité. Il faut donc une appréhension holistique.Cette oeuvre majeure itinérante propose une vision ludopienne de la planète, qui se veut un véritable trait d’union entre les différentes communautés, ethnies et continents.L’ambition de cette création est donc d’aller à la rencontre des hommes sur les cinq continents.Unité est exposé depuis le 27 septembre 2007 jusqu’au 31 décembre 2007 à l’aéroport international Aimé Césaire en Martinique.

2001

Création de 70 tableaux à flux tendu .
Conception et organisation d’une vente aux enchères d’oeuvres d’art au bénéfice du Téléthon d’Aubervilliers.
Réalisation du décor du mariage de David DOUILLET

2002

Réalisation d’un jardin ludopien à Marrakech, La Palmeraie de son Excellence Seyni Loum à Dar Tamsna (deux hectares).

2003

Création de 40 tableaux à flux tendu .
Création du logo du bateau “PHENIX dixi” propriété de Mr Patrick De La Rivière

.

2004

Création de 30 tableaux à flux tendu .
Analyse pour un événementiel grand public pour la ville de Marrakech.

2005

Création de 40 tableaux à flux tendu.
Réaménagement de la décoration au salon de coiffure Célianthe (ambassadrice de L’Oréal) :création logo, espace intérieur ludopien et cabine privilège pour un moment privé ludopien.

2006

Exposition du 08 novembre au 11 décembre 2006 au toit de la Grande Arche à la Défense
(17.000 visiteurs).
Création de la chaise Talisman.

2007

Création de 51 tableaux à flux tendu.
Exposition du 27 septembre au 31 décembre 2007 d’Unité à l’aéroport international Aimé CESAIRE en Martinique.

2008

Création de 41 tableaux à flux tendu
Exposition du 19 septembre au 21 octobre 2008 au Espace Louis Delgrès à Nantes.

2009

Mission Permanente de la Palestine auprès de l’UNESCO pour le futur Musée d’Art Contemporain de la Palestine à Ramallah.

2010

Exposition “LES ARTS CONTRE LES ARMES” à L’UNESCO juin 2010, oeuvre offerte pour le futur Musée d’Art Contemporain de la Palestine à Ramallah (l’oeuvre sera transférée au Musée des Beaux-Arts de Belfort en attente d’investir Ramallah).
– Exposition personnelle à la mairie d’Aubervilliers du 01 juillet au 17 septembre 2010.
– Représentation à l’exposition universelle de Shanghai de la délégation de la ville d’Aubervilliers et Plaine Commune en Chine septembre 2010;
– En Chine, collection :
– Mme He ZongJing, maire adjointe de Ouhai à Wenzhou
– Mr Jiang ZengYao, maire de YueQing, à Wenzhou
– Mr LI Yuping, président Chambre de Commerce de Wenzhou
– Mme Ling Lenzi,
– Mr Li XiuZhen, maire de Ouhai à Wenzhou
– Mme Yang DeMei, maire adjointe de MinHang à Shanghai
Exposition au siège de RHODIA Recherches , à Aubervilliers, du 08 décembre
2010 au 08 février 2011

2011

Collection de l’Élysée, oeuvre Amerrissage, diamètre 120.
Collection Secours Populaire Français.
Collection KONG Quan, ambassadeur de la République Populaire
de Chine en France.
Collection WANG Xiao Feng, président des chinois d’outremer.
Collection Sheng WANG.
Collection Nelson MANDELA.
Collection ambassade de chine en France.
Organisation du gala de solidarité au profit du Secours Populaire Français le 24
septembre 2011 au Royal Dinasty.
Création de la carte de voeux 2012 de Plaine Commune Promotion.

2012

Don du club des dirigeants de Plaine Commune à la Chambre de commerce d’industrie et de services d’Agadir (Maroc) de l’oeuvre Zoodagum, 100×100.
Don de l’oeuvre Luttons pour gagner, 100×100 pour la régate des oursons de l’association Robert Debré.
Salon d’Automne en Chine à Panjin et Haïkou du 24 mai au 16 juin 2012, oeuvre présentée Vestige d’un oiseau merveilleux ludopien, 80×80, puis au Tibet dans la ville de Xining le 20 août 2012.
Juillet 2012 entrée de l’oeuvre Ikebana de Ludopie, 100×100 dans la collection Robert Debré.
Octobre 2012 : création de l’accent aigu du E de Robert Debré en huit exemplaires numérotés par la
société Michel Morice au bénéfice du fonds de dotation Robert Debré.

2013

21 février – Vente aux enchères de dix ex-voto au profit du fonds de dotation Robert-Debré en vue de l’achat d’un Da Vinci à l’hôpital Robert-Debré et présentation de la collection Unité dans le jardin d’hiver pendant 5 mois.
13 au 26 mai – Exposition de la Chaise Césaire à la mairie du 1er arrondissement Paris ainsi que Unité au Beffroi de la la mairie à l’occasion du Festival International de la Diversité Culturelle en hommage au centenaire de la naissance d’Aimé Césaire.
25 juin au 13 juillet – Exposition de la Chaise Césaire, ainsi que l’oeuvre Yang Tsé Kiang 3x162x97 à la mairie de Montreuil.
04 juillet au 31 juillet – Exposition au Saint-Fiacre de Saint-Denis.

2014

04 février – Exposition à la Bred lors du ” lancement officiel ” du pôle Santé de L’association BBU (Réseau professionnel d’outremer et d’Afrique) devant les professionnels de Santé ultramarins.
14 février – Intervention au siège de l’UMP devant la commission des Affaires culturelles et la commission Banlieues- Jeunesse- Bien-vivre ensemble .
Collection de l’Ambassade de Chine à Taïwan, aux bons soins de l’Ambassadeur Michel Ching-long LU.
16 mai – Soirée de commémoration de l’abolition de l’esclavage « L’esclavage : topiques et cultures » sous le parrainage de Mme la Ministre Georges PAU-LANGEVIN.

2015

Avril – Acquisition par la Région Martinique de 11 dessins sur Velin d’Arches d’un format de
65×50 chacun.

2016

septembre – Exposition au ministère des outremers.


Unité. Série de 48 tableaux

Avec la série « Unité », Phélix ludop s’est lancé dans un projet monumental : reprendre l’antique rêve universaliste de faire se rencontrer et communiquer les cultures du monde à partir d’un dénominateur commun, celui de la géométrie : partout dans le monde, les hommes, des chasseurs, des bâtisseurs, des guerriers ont anticipé leur action par des lignes, des angles, des plans, des schémas directeurs. Les démiurges se laissaient guider par une géométrie pour exprimer l’épure ou la quintessence de la création. Peut être que Phélix avait quelques noms en tête, les aborigènes d’Australie, Hildegard von Bingen, Léonard de Vinci.

L’ensemble est bien énigmatique, même dans sa facture. C’est de la peinture, sans peinture. Les traits sont tirés avec des bâtons de pigment. Les bandes de couleur sont découpées dans des pellicules. Bien des surfaces sont recouvertes d’un enduit qui sèche très vite et rappelle le travail de la fresque, les lignes y sont gravées. Le travail graphique frappe par sa méticulosité, sa virtuosité, le rayonnement des lignes directrices

Les figures géométriques sont portées par des réseaux, des ensembles de lignes soigneusement tissées, entrelacées, avec des points d’intersection et nœuds qui distribuent des zones, des chemins d’accès, des voies de communication pour toutes sortes de circulations: il s’agit de distribuer dans l’espace les ordres du démiurge, les rêves des alchimistes, les légendes et mythes fondateurs, les contes pour amoureux , les femmes et l’argent, tout ce qui se perd dans les nuages et les signaux de fumée.
Aux quatre coins de chaque tableau, mais aussi aux quatre coins des mondes évoqués l’octogone signe l’appartenance à l’infini. Cartes de la fabrique des mondes, mais aussi cartes à jouer pour des Titans dans le jeu de l’infini. La géométrie euclidienne et sage diffuse le rayonnement cosmique de l’octogone jusque dans les moindres parcelles de l’espace de la toile. Il se disperse au centre en multiples figures irrégulières, comme autant de cellules et de formes évocatrices de l’infini dans le fini. Il repousse dans un passé très lointain ou un futur tout aussi lointain ce qui s’y trouve représenté, quand notre monde quotidien aura été détruit et qu’il n’en restera que les traces ou l’épure, l’armature géométrique, le tissage ou le graphe.

La réitération à quarante huit reprises du rayonnement de l’octogone, de la diffusion de l’un dans le multiple, ce qui est la définition même de « l’univers », est une source de paix autant que d’inquiétude. De paix parce que le monde est revenu à l’origine de sa création, quand il n’était qu’une trame ou une « grille » de possibles, à cette « chora » qu’évoque Platon dans le Timée : le réceptacle susceptible de recevoir et de porter la matière, ce qui fait que le monde, en dépit des efforts du démiurge pour lui donner une forme idéale, est promis au changement et à la corruption ; la chora est ce gigantesque tamis, ce crible que le démiurge secoue pour sélectionner, filtrer les forces et les éléments et les distribuer dans l’espace. Platon dit sa difficulté à évoquer cette chose qui n’est pas une chose, qui n’est ni l’espace, ni le vide ; L’artiste a recours à un maillage d’une invraisemblable sophistication, à des variations géométriques étonnantes pour laisser à cette construction orthonormée une fluctuation, une respiration… « à peine peut on y croire … » ajoute le Timée !

L’inquiétude survient quand on pense aux superpositions de l’espace, au recouvrement des civilisations disparues, ensevelies .L’architecture de notre monde dissimule peut être les plans de sanctuaires à la géométrie sophistiquée et des mondes encore plus lointains avec des armatures fabuleuses de peaux de serpent ou crocodile, ou encore de carapaces de tortue.

On ne peut faire le tour du travail de l’artiste sans évoquer une dernière surprise : la nuit les tableaux de cette série sont fluorescents, ils restituent une luminescence de fonds marins, suggérant alors que cette géométrie de surface se doit de retenir dans ses mailles ces couleurs originelles émises dans les profondeurs. L’artiste est suffisamment versé dans la chimie et l’alchimie pour retrouver les couleurs propres aux milieux marins et cette palette de nuances que les biologistes d’aujourd’hui mettent en évidence dans les pigments des micro-algues ; les protéines colorées fluorescentes, ou les caroténoïdes orange et rouges que l’on retrouve dans la chair des saumons, des truites saumonées, les carapaces des crustacés, les flamands roses ; ces pigments traversent toute la chaîne alimentaire, deviennent des signaux de séduction dans les parades amoureuses , se retrouvent dans les cosmétiques du commerce. Entre art et science, cette aventure de la couleur a dû trouver son chemin dans l’esprit du démiurge !

Dans cette série Phélix Ludop a cherché le point haut, tout en surplomb pour installer l’œil du spectateur, celui là même du démiurge, le point cosmo-génétique sur la matrice de la création des mondes ; il ne cesse de le surprendre, de l’interroger, de le faire voyager le long de lignes à la densité énergétique variable, de lui faire traverser des surfaces fortement activées, de lui donner une vision cosmique.

HCE Galerie

Phélix Ludop au MOM

Phélix Ludop a présenté sur les pelouses du Ministère des Outre-mer son Grand œuvre, « Unités 4.8 » un ensemble de 48 tableaux, 60 mètres carrés de peinture géométrique pour célébrer le trait d’union entre toutes les cultures du monde. Sa conscience d’artiste s’est dilatée aux dimensions du cosmos pour faire surgir une architecture du grand Tout, atteindre comme le voulait déjà Aimé Césaire « le monde véritablement pour la première fois total ».le résultat est ce pavage, cette mosaÏque des matrices de chaque culture, de leur archétype géométrique qui en exprime à la surface la pureté et la fécondité : symbolisé par l’octogone, l’infini rayonne aux quatre coins des mondes, de telle sorte que chaque élément d’une culture est une parcelle d’infini.

Cette effusion extérieure de l’infini dans l’espace sur un rythme d’une extrême régularité se nourrit d’un espace intérieur brulant fait du chaos du monde, du choc et de l’intrication des cultures, des répulsions, attirances et conflits au sein de la totalité. Ce contraste entre l’extérieur et l’intérieur se traduit par une formidable tension à la surface de la toile qui étire la structure ovoïde centrale, germe de tous les possibles et la fait résonner comme le ferait une peau de tambour ou le tympan des églises .Dans le contexte végétal des jardins du ministère les lignes « conduisent d’étranges sèves » et semblent faire écho à la devise inscrite en son fronton :

« En nous l’homme de tous les temps
En nous tous les hommes
En nous, l’animal, le végétal, le minéral
L’homme n’est pas seulement homme
Il est Univers »

Les trois soleils

genèse d’une oeuvre ludopienne

En même temps qu’il exposait « Unité 4.8 » sur les pelouses du ministère, Phélix Ludop a tenu à offrir à Ericka Bareigts, Ministre des Outre-Mer, un tableau qui incarne une expression de la diversité ultramarine et une promesse venue de la Martinique : une passerelle de couleurs entre les océans, un pont pour la circulation des légendes et des histoires, un horizon d’attentes et d’annonciations.

Dans la superposition des couches de matière picturale et les trouées qui ménagent un accès à ce qui a été recouvert, le tableau entraîne dans un mouvement épique qui n’est pas sans évoquer celui du « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire , le poète de la Martinique tellement présent dans la création de Phélix Ludop : celui d’une révélation esquissée, différée et retrouvée au bout d’une exaspérante série d’occultations.

A l’aube de l’œuvre, qui pourrait être « au bout du petit matin » du Cahier, trois soleils, trois volutes de feu dans le ciel éclairent et masquent en même temps avec l’intensité de l’éblouissement une scène d’attente. Depuis une maison au bord de l‘eau on voit à l’horizon évoqué par la toile une embarcation qui revient avec à son bord un père mystérieux, de retour avec un cadeau et un secret à cacher, un « emberlificadeau » ; c’est ce qu’annonce cette voile légendaire emmêlée dans les trois soleils, qui n’avance pas sur cette mer si vivement éclairée que le monde tout autour s’éteint et ne laisse que des traces, des ombres de meubles, des esquisses de plantes grimpantes…

C’est sur ce premier état du tableau que l’artiste s’acharne, à l’acide, à la poudre de marbre, à l’enduit, mais aussi à la poudre d’or ou d’émeraude pour dissiper l’éblouissement. Il donne à la surface de sa toile des aspérités, des rugosités, un grenu, une matérialité à l’image des récits angoissés qui l’assiègent, des monologues intérieurs brulants, des contaminations troublant l’accès à cette impossible révélation. C’est aussi une façon de rendre le réel plus dru, d’évoquer les anciennes combustions et la vie tourmentée des éléments dans la houle des plaines et les jardins de la Caraïbe. Il a par ailleurs nommé « octonite » cette matière savamment élaborée dans son alchimie personnelle, déposée en couches successives comme autant de passages du temps, qui fixe la gangue matérielle des éléments, fossilise les choses dans sa patine. Ce qui ne faisait que poindre dans la version précédente du tableau a cessé de se révéler, ce qui entraîne un travail désespéré de l’artiste pour protéger cette « poignance » en l’ensevelissant dans ce linceul de peinture , avec l espoir inouï de la retrouver au fond du désespoir. La peinture chez Ludop est un enfer au relent de paradis perdu.

Vient un jour pourtant où la main de l’artiste ébranle cette gangue et retrouve le chemin de la révélation. Ici c’est le couteau qui opère, qui laisse jaillir une végétation saxifrage, des guirlandes de fleurs, emballe la peinture dans des jardins d’Eden et le déploiement solaire de la nature. Celle de l’île annoncée, perdue et retrouvée dans sa pleine lumière.

Travaillé par des forces énergétiques qui dans la matière guettent sournoisement toute forme de quiétude, dans la lignée de Rimbaud ou de Césaire, l’artiste retrouve « la vision fulgurante de notre destinée, la vision la plus authentique du monde » au bout « des mondes tordus, broyés, déchiquetés, du cosmos rendu au chaos, de l’ordre rendu au désordre… » dans des couleurs et des mouvements qui encore une fois épousent la prose de Césaire, quand, violemment secouée par les lames de fond de l’esclavage, du colonialisme et de la misère des îles, elle se met à couler dans le chaos au rythme d’alexandrins paisibles : « et la terre respira sous la gaze des brumes … sur de vierges îles assoiffées de lumière ».

Autant de formules qui peuvent s’appliquer à ce tableau de Phélix Ludop: l’indécence de la misère, la violence de la corruption, l’absence d’identité et de dignité peuvent éteindre le monde, mais l’artiste garde dans sa palette « cette hirondelle de menthe et de genêt qui fond pour toujours renaître » et les tropismes de l’Ile aux fleurs.

HCE Galerie

“Unité 4.8” à la Basilique de Saint Denis

HCE Galerie expose ce 13 mai pour la « Nuit des Cathédrales » « Unité 4.8 », l’œuvre de Phélix Ludop, 48 tableaux qui à travers le langage universel de la géométrie étire comme un trait d’union entre les cultures du monde l’aspiration vers l’infini. L’ensemble, 64 m2 de peinture, constitue une installation promue à circuler pour assurer cette communication entre les mondes. Ces 48 tableaux peuvent entrer dans des combinaisons multiples, verticales ou horizontales, composer des espaces abstraits habités par un esprit de rencontre et d’élévation spirituelle.

Elle a été exposée comme un fil continu à l’aéroport « Aimé Césaire » de la Martinique en 2007, dans un lieu de circulation intense, comme symbole du lien entre la France et ses départements d’Outre Mer. Elle a ponctué les couloirs de l’hôpital Robert Debré en 2013 et ouvert des pistes d’espoir pour les enfants malades. Plus récemment, dans les jardins du Ministère des Outre-mer, elle a été étirée en carré sur la pelouse comme un écran de couleurs disposé à capter et répercuter les vibrations du message universaliste d’Aimé Césaire inscrit sur son fronton. Dans l’allée centrale de la basilique, dessinant pour le visiteur la perspective d’un « tapis ludopien » ouvert sur le chœur et son centre de lumière, elle entre en résonance avec ce lieu dont elle réfléchit toutes les dimensions.

L’abbé Suger avait conçu un édifice où il faudrait marcher pour se pénétrer progressivement de la lumière divine renvoyée par les vitraux, les pierres précieuses et les richesses architecturales. »Unité 4.8 » reflète au sol toutes ces manifestations de la lumière et entraîne dans une déambulation dans ses motifs, des plans de mondes disparus ou de cités à venir, des cartes de la Jérusalem céleste telles qu’on peut en avoir une idée par ce psaume 48 que l’artiste connait bien : « parcourez Sion, parcourez en l’enceinte, comptez ses tours, observez son rempart, examinez ses palais, pour le raconter à la génération future… »

Ce « tapis de lumière » disposé dans l’allée centrale porte au plus haut point d’intensité une émotion que chacun peut ressentir, même s’il n’est d’aucune religion, en rentrant dans la basilique, et en faire un « événement de l’âme » : que la vie est un voyage marqué par la recherche, l’errance voire le vagabondage où le temps assène ses coups mortels, mais que sitôt franchi le seuil la voie se dessine comme une marche vers l’orient, non celui de la géographie, mais celui où surgit la lumière intérieure et où les choses se révèlent pour donner une orientation. L’œuvre trace une ligne diffuse dans tout l’édifice, la perspective d’un événement et d’un avènement de l’Orient et aussi d’un mouvement vers ce lieu. Pas encore le paradis, mais un mouvement vers lui !

De fait et depuis qu’elle existe dans le ciel de St Denis, la basilique est l’Orient des activités spirituelles et matérielles, à tel point qu’on ne peut envisager de projet de développement du territoire sans lui trouver une inscription dans son architecture. Horizon de tous les habitants de St Denis dont elle aimante le regard et les aspirations, elle est au cœur de la vie de chacun le rêve de ce passage, de cette passerelle de lumière que l’œuvre de Phélix Ludop a posé quelques heures trop courtes dans la Basilique. Les conditions de sécurité ont rendu en effet impossible la révélation apportée par l’œuvre dans le noir absolu : la phosphorescence des couleurs et l’expérience que la nuit a aussi sa lumière. Cela n’a pas échappé à l’abbé Suger depuis son vitrail où il est prosterné aux pieds de la Vierge !.

Souhaitons à l’œuvre de Ludop une belle destinée et de continuer à entrer en résonance avec des lieux aussi habités par l’Esprit !

HCE Galerie