N’Doye Douts

PresentationOeuvresBiographieTextes

Mohamadou NDOYE dit « NDOYE DOUTS »
Artiste plasticien
Né à Sangalkam (Sénégal) le ler mai 1973

N’Doye Douts a fait ses études aux Beaux arts de Dakar. Un quartier de cette ville, la Medina, l’a beaucoup inspiré: sa peinture explore et transfigure les enchevêtrements bariolés de formes, de matières et de couleurs, les contaminations réciproques de l’architecture et de la vie, les lignes autour des quelles la ville s’étire et flotte dans l’espace. Il prolonge aussi la grâce du monde de sa jeunesse dans une étonnante vidéo de 7 minutes, «Train train Medina», un abrégé de sa peinture qui fait le tour du monde.
Sa participation à Africa Remix en 2005 lui donne la notoriété; il circule, travaille et expose partout aux USA, en Europe, en Afrique et en Corée; Il est à l’écoute du monde.
Son art l’engage maintenant dans des productions de grande échelle, avec en particulier une installation pour la biennale de Dakar qui fait vivre l’Afrique dans sa mémoire.

FORMATION ARTISTIQUE

Ecole Nationale des Beaux arts de Dakar Major de la promotion de 1999.
Atelier Graphoui Bruxelles, Belgique.
2007 à 2009 Atelier résidence de la prée 36100 Segry France (Association Pour Que l’esprit Vive).
Lauréat du programme visas pour la création en 2008 France.
2012 à 2013 Atelier résidence, Centre Culturel Communal de Pierrefitte.

EXPOSITIONS PERSONELLES

2013-2014 Espace WEMA, “40” (Dakar)
2012-2013 BD-ART, Milan (Italie)
2012 Africa Museum of Art, Seoul (Korea)
2012 Galerie KALAO bilbao (Espagne)
2010 Galerie Arté Dakar (Sénégal)
2009 Africa Museum of Art, Seoul (Korea)
2008 Africa Museum of Art, Séoul (Korea)
2008 Galerie le kalao Bilbao (Espagne)
2008 Galerie du château Lausanne (Suisse)
2008 Pour Que L’esprit Vive Galerie Paris (France)
2008 La chapelle st Vincent ville de la Rochelle (France)
2007 Musée Juan Barjola, Gijon (Espagne)
2006 Centre culturel français de st louis (Sénégal)
2005 Lavoir Moderne Parisien rue Léon (Paris)
2004 Exposition au Musée officina, trame méditerraneo Gibellina (Italie)
2004 Biennale de Dak’art Galerie Arté, Dakar (Sénégal)
2003 Padova Et Verona (Italie)
2002 Galerie Arté Biennale de Dak’art (Sénégal)
2001 17, rue d’Enghien, (Paris)

Expositions & Participations Biennales internationales

2008 Fair art Jo burg (Afrique du sud)
2008 Centre d’art contemporain de Vigo (Espagne)
2008 ARCO, Madrid (Espagne)
2007 Centre d’art contemporain d’Andalouse (Espagne)
2006 Musée Dapper « Sénégal contemporain » (Paris)
2006 9em Biennale de La Havane (Cuba)
2005 Foire internationale des arts derniers (Musée des arts derniers Paris)
2005 Africa remix Centre Pompidou (Paris) (Düsseldorf, Londres, Stockholm, Tokyo, Johannesburg)
2004 « The young Artist’s Biennale » Bucharest, lst edition (Roumanie)
2004 Biennale de l’art contemporain de Dak’art (Sénégal)
2000 Biennale de Dak’art « Salon de la jeune créativité » (Sénégal)

Rencontre et Participations Internationales

2010 Biennale de Dak’art 40 ans du quotidien du Soleil (Sénégal)
2009 Atelier résidence «Chez pour que l’Esprit Vive Abbaye de la Prée» (France)
2008 Atelier résidence «Chez pour que l’Esprit Vive Abbaye de la Prée» (France)
2008 Visas pour la création résidence citée internationale des arts paris (France)
2008 Visas pour la création résidence au centre intermonde la rochelle (France)
2007 Atelier résidence: « cent livre objet »pour Senghor, (Sénégal)
2007 Atelier Gallery Guichard Chicago (USA)
2005 Atelier résidence « fondation jean Paul Blachere APT (France)
2005 Action « Bottleboy Dakar » (Sénégal)
2004 Atelier résidence « fondation orestiadi Gibellina (Italie)
2000 Workshop en cinéma d’animation, animée par William Kentridge
1999 Echange Re-Création Institut St Marie de Bruxelles et Ecole Nationale Des Beaux arts de Dakar (Sénégal)

Expositions Collectives

2015 Galerie HCE St Denis
2013 Galerie Maubert, Paris (France)
2012 Galerie Museum, Paris (France)
2011 Centre Culturel Communal de Pierrefitte (France)
2011 Bas les masques, Guyancourt (France)
2011 Archidakar manège, Dakar (Sénégal)
2011 XOLF Studio, Paris (France)
2010 Musée de la poste Paris (France)
2010 Musée du Montparnasse Paris (France)
2010 Going place biennale de Dak’art (Sénégal)
2009 Galeries kalao, Bilbao (Espagne)
2008 L’Ecu de France (esprits d’Afrique), Viroflay (France)
2008 Galerie Méridienne Méjanne le clap (France)
2007 Galerie le Manège, Ambassade de France Dakar (Sénégal)
2007 Regards sur cours à Gorée « portes ouvertes » (Sénégal)
2007 Dak’art / New York / Chicago / Los Angeles (USA)
2007 Musée des arts derniers (Paris)
2006 Galerie Arté Dakar, (Sénégal) 1er prix off de la biennale de dak’art
2006 GA2D Dakar, (Sénégal)
2006 Galerie le Manège Dakar, (Sénégal)
2005 Foire internationale des arts derniers, (Paris)
2005 Regard sur cours Gorée, (Sénégal)
2004 Gallery gazon rouge 57, Koloktroni, 10560 Athens (Grèce)
2003 Viaduc des Arts, Paris (France)
2003 Résidence de l’Ambassade de France, (Sénégal)
2002 Artefact Galerie, Dakar (Sénégal)
2001 Musée IFAN, (Sénégal)
2001 Centre culturel de Chemay Bruxelles, (Belgique)
2000 Centre culturel « soleil d’Afrique de Bamako », (Mali)
2000 Foire de liège, (Belgique)
1999 Salon International des jeunes plasticiens, galerie nationale de Dakar

REALISATIONS ET AUTRES

2010 Réalisation d’une sculpture monumental hauteur 7m50 Gijôn (Espagne)
2005 Réalisation la Toile caméléon et un film documentaire associé de 26mn
Fresques murales de 42M 30 musée juan barjola Gijon (Espagne)
2005 Réalisation de l’affiche du Festival deil popoli, (Italie)
2001 Réalisation d’un film d’animation « train-train Médina » 7mn (Belgique)
2000 Réalisation d’une fresque mural de 50m
« Tu parles ?! Le français dans ces États »Maison de la Culture, Dakar, (Sénégal)

PUBLICATIONS

2012 Africa Museum of Art, Seoul (Korea)
2011 Conditions Urbaines galerie Arté Dakar Sénégal
2010 Biennale de Dak’art 40 ans du quotidien le Soleil Dakar Sénégal (Catalogue collective)
2008 Pour Que L esprit Vive Galerie Paris
2008 ART ACT ville de la ROCHELLE
2008 ARTE INVISIBLE. ARCO 2008. Ministerio de Asuntos Exteriores y Cooperaciôn. Direcciôn General de Relaciones Culturales y Cientificas, Madrid, Espagne.
2007 GEOPOLiTICAS DE L’ANIMACIÔN. Centro Andaluz de Arte Contemporâneo y Museo de Arte Contemporânea de Vigo, Espagne.
2007 Trajectoires Dakar Sénégal
2007 MOHAMADOU NDOYE DOUTS. CAMÉLÉON. Museo Barjola, Espagne.
2006 SÉNÉGAL CONTEMPORAIN. Musée Dapper, Paris, France
2006 9e BIENNALE DE LA HAVANA. CUBA
2006 ART IN AMERICA.USA
2006 THE SNEEZE. CANADA
2006 TOILE CAMÉLÉON. NDOYE DIT DOUTS. Sylvain Sankalé et alt, Dakar, Sénégal.
2006 AFRIK’ART N°4 octobre 2006 Dakar Sénégal
2005 AFRICA REMIX Centre Pompidou, ADAGP, Paris, France.
2005 NEGRIZIA AOUT 2005 Italie
2004 PLACE. Actar, Barcelona, Espagne.
2004 AFRIQUE MAGAZINE /AOUT, SEPTEMBRE 2004
2004 VIS-A-VIS. NUÉES. Atelier Graphoui, Bruxelles, Belgique.

Filmographie

«Train train médina» dans les festivals
Les Rencontres Audiovisuelles – Lille (France) – 26 avril au 4 mai 2002
Festival International du Film d’Amiens (France) – 8 au 17 novembre 2002
Festival du film de quartier à Dakar (Sénégal) – décembre 2002
prix de la presse
Festival Anima 2003 – Bruxelles (Belgique) – mars 2003
Grand Prix de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et prix Canal +
Festival Cinéma Africano – Milan (Italie) – mars 2003
Festival Vues d’Afrique – Montréal (Québec) – 25 avril au 3 mai 2003
Prix du meilleur film d’animation
Festival International du court métrage d’Oberhausen (Allemagne) – 1er au 6 mai 2003
Festival Le court en dit long – Centre Wallonie Bruxelles à Paris (France) – 28 et 31 mai 2003
Forum des Images – programme « Bruxelles/Brussel – Paris (France) – 22 juin 2003
International Animation Festival of Brazil – Rio de Janeiro et Sao Paulo (Brésil) 23 au 27 juillet 2003
Festival Africa in the Picture – Amsterdam (Pays-Bas) – 3 au 14 septembre 2003
Rencontres Cinéma de Gindou (France) – août 2003
Festival Solaris à Morélia (Mexique) – 25 septembre au 17 octobre 2003 – bATiK International Independant Film Festival – Pérugia (Italie) – 4 au 12 octobre 2003
London Film Festival Education Events (Angleterreà – octobre/novembre 2003
African Eye Animation Festival – Cape Town (Afrique du Sud) – novembre 2003
Rassegna di Cinéma Africano – Vérona (Italie) – novembre/décembre 2003
Prix Verona
Festival du Film de Quartier à Dakar (Sénégal) – 15 au 20 décembre 2003
Projection à la Galerie Neon/Campo Base – « Show me yours » – Bologne (Italie) – 22 et 24 janvier 2004
Rencontre de cinéma d’animation 10/10 – Pléneuf Val André (France) – 27 au 29 février 2004
Journée mondiale de la Francophonie – El Jadida (Maroc) – 19 mars 2004
Côte d’Ivoire et cinéma d’animation – Abidjan (Côte d’Ivoire) – mars 2004
New York African Film Festival (Etats-Unis) – 3 au 15 avril 2004
Festival de Mekmès (Maroc) – 16 au 25 avril 2004
Africafilmfestival – Leuven (Belgique) – 1ei mail 2004
Projection au Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage – Bruxelles (Belgique) – 11 mai 2005
«Ciné-triptik» – Projection à la Maison de la Création à Bruxelles (Belgique) – 17 novembre 2004
«Plongez dans le Sud» – Soirée solidaire dans le cadre de l’Opération 111111 – Bruxelles (Belgique) – 27 novembre 2004
Semaine de la Francophonie à Brasilia (Brésil) – mars 2005
«Forum Nord/Sud» au Centre Culturel de Gembloux (Belgique) – 14 au 16 avril 2005
Matongé en couleurs – Bruxelles (Belgique) – 25 et 26 juin 2005
Agora jeunes Citoyens – la Marlagne/Wépion (Belgique) – 12 au 18 septembre 2005
Plein Open Air – Bruxelles (Belgique) – 28 août 2005
Amakula International Film Festival – Kampala (Ouganda) – 15 au 25 septembre 2005
Festival Ciné Plein Air à Koudougou (Burkina Faso) – août 2005
Echanges et Synergies – Projection dans le cadre de l’exposition « L’art et la matière » – Bruxelles (Belgique) 7 au 29 octobre 2005
Festival « Visions d’ailleurs » – Udine (Italie) – décembre 2005
Projection de « Yungas » dans le cadre des rencontres Intervalle au Musée d’Ixelles – Bruxelles (Belgique) – 7 mai 2006
Darklight Festival – Animation Art Wandering – Dublin (Irlande) – 22 au 25 juin 2006
One day, people start to steal sand from the beach to build their houses with. Things start to get messy in the Medina. The energetic communication, the conviviality of the neighbourhood is at the mercy of clamourous rabble-rousers. One day, everything fall.

Encyclopédie

Pour cette installation Douts a agencé des coupures de journaux du Tout-monde sur un fond bleu porteur de toutes les résonances et vibrations de cette actualité dans sa mémoire

Voici un mur de mémoire où l’artiste a rassemblé sur plus de 600 carrés tout ce à quoi il a été sensible dans son parcours entre les mondes. Ce mur demande à être investi en continu, chaque carré fonctionnant comme une cellule qui s’active en s’associant à la cellule voisine et ainsi à toutes les cellules de cette composition .Selon le point de départ choisi, les regards se combinent et se relancent à l’infini: flux, ondes et résonances multiples se propagent à la surface, laissant entendre les murmures des murs.

Une configuration parmi d’autres, dont on pourrait faire un centre: deux mains noires s’ouvrent sur la mappemonde, centrée sur l’Afrique et ses couleurs chaudes. Tout autour tournent en rond ces signes graphiques auxquels la peinture de Douts nous a habitués : petites voitures, lune nacelle emportant les étoiles, pirogues embarquant de frêles silhouettes dans le bleu de la peinture

Douts tient le monde dessiné dans la paume de ses mains et nous le donne en bribes, en tranches de vie taillées dans des formats carrés de 10 x10 cm : extraits de journaux et gros titres d’une actualité en miettes, poèmes, photos d’idoles, vestiges et reliques du monde de la décolonisation, fragments d’histoire et de faits divers sont assemblés, épinglés comme autant de pièces à conviction sur le mur de sa mémoire .Sur ce chaos d’événements tragiques ou dérisoires, sur les errances, les vicissitudes et les turpitudes repérées, il pose une perspective africaine , « un œil d’Afrique » ; il l’assume, l’assimile dans les couleurs et les formes de sa peinture ; dans ce gigantesque pavage il réserve des espaces de peinture et de poésie libérés des irruptions de l’actualité pour affirmer son appartenance à ce monde, avec des formules tantôt poétiques, tantôt humoristiques qui font glisser le regard d’un pavé à l’autre dans l’exploration de ces quelques 600 pièces ou cellules qui pavent ses chemins de mémoire, mais surtout font résonner autrement les événements. Une formule essentielle parmi d’autres « notre monde a besoin d’être regardé avec un peu plus d’amour »

Des temps et des espaces différents se télescopent ou se métissent au gré de ses circulations entre Afrique, Europe et extrême Orient, les cultures, les formes et graphismes du Tout -Monde se conjuguent et se composent en douceur et en tendresse sur un fond bleu, le bleu de « l’or bleu »- cet enjeu mondial majeur, mais aussi le bleu de l’union qui accueille toutes les diversités et – pourquoi pas !- « le jour bleu » de Senghor qui se produira quand la République aura restauré la dignité du monde déchu dans la corruption et la défaite.

Depuis longtemps Douts travaille cette couleur porteuse de la transmutation, de la transfiguration, de l’enchantement qui transforme le désordre en source de chaleur et la misère en richesse, en solidarité humaine. L’artiste est un alchimiste. Il a exploré le désordre de la ville, l’enchevêtrement des formes et des couleurs, les jeux de la lumière et de l’obscurité, la tangence de la pauvreté et de la solidarité. Il en a extrait l’essence, la couleur de fond qui imprègne l’ambiance. C’est l’esprit du bleu qui est resté au fond de sa palette, au bout de son pinceau. Dans sa peinture il a suivi aussi toutes les lignes de la ville, les lignes de circulation, de séparation, la ligne de flottaison qui la maintient à flot dans ses turbulences et son étalement anarchique. Il en abstrait « la » ligne, le long de laquelle la ville se tend, la corde sensible qui en propage les vibrations .Il a trouvé ainsi son style dans la peinture de la ville, ce fond bleu qui porte et diffuse les ondes et résonnances de la ville.

L’histoire bégaie dans ses événements tragiques et ses faits divers ; elle coule de source dans la mémoire bleue de la peinture, elle y trouve un sens et –alpha et oméga de cette installation- un avenir

Georges Quidet pour HCE Galerie- janvier 2016

Circulations majeures 2/5 -HCE Galerie

La peinture de Douts, c’est d’abord le déploiement d’une énergie singulière, celle qui a orienté sa vie d’artiste. Il a grandi dans un quartier périphérique de Dakar qui constitue la toile de fond de sa peinture, et qui peut être l’inspirait déjà quand il était aux Beaux arts de cette ville dont il sort major en 1999. La France lui ouvre de prestigieuses résidences d’artiste qui lui donnent très vite une notoriété internationale. Sa participation à Africa Remix en 2005 au Centre Pompidou le conduit à Düsseldorf, puis Londres, Stockholm, Tokyo, Johannesburg… La peinture du désordre urbain de la « Médina » acquiert une portée universelle : il peint et apprivoise la jungle urbaine dans un langage pictural dense et touffu qu’il étire dans tous les sens pour produire sans relâche des œuvres qui sont, tels de longs rubans festifs, exposés dans des galeries et des foires internationales en Corée, à New York, en Afrique et en Europe. Internationalement reconnu, il choisit de vivre en France, d’y asseoir son foyer, d’habiter Pierrefitte où il s’enracine dans le paysage avec la même énergie, ouvrant des ateliers pour les adultes et les enfants .Il vient d’être choisi comme peintre référent par Plaine Commune.

Quand on entre chez lui, dans la maison qui lui sert d’atelier, on est tout de suite frappé par des empilements de tableaux de même dimension et d’une même couleur. Il y a des piles de bleu, de jaune, de rouge, toutes de couleur éblouissante, pleine de santé, étalée en couche monochrome sur la surface et la tranche du tableau. On ne peut se tromper, la couleur est le pilier de cette œuvre.

Les quartiers populaires des villes, avec leur enchevêtrement diabolique et enjoué de formes et de graphismes, de matières et de couleurs, de constructions et de résidus, avec la très forte intrication des architectures et du vivant, le réseau bariolé des solidarités, étirent le tissu constitutif de la ville d’une manière constamment renouvelée. C’est un paysage qui change au gré des mouvements, des humeurs et des émotions tels les titres aux tableaux : passages, tourbillons, circuits, témoignages du temps, cadences, équilibres… C’est un tissu vivant, une peau qui réagit, qui laisse s’exprimer les émotions de la ville et de la vie.

Le désordre et l’encombrement des morceaux de carton, des collages de journaux déchirés, les embarras et les embouteillages des flux qui se faufilent, toutes ses choses qui se contaminent, se chevauchent ne sont que des points de départ, des amorces d’un processus de transfiguration qui « inverse la sélection » et met au premier plan de la perception la poésie de cette exubérance de formes et de couleurs, l’intimité du réseau de solidarité qui réunit tous ces éléments disjoints. L’artiste n’en finit pas de proposer sur ses toiles l’équivalent d’une dérive situationniste, l’exploration de la beauté cachée, du dynamisme secret qui se coulent dans le chaos des quartiers pauvres.

Dans ce monde en transfiguration la ligne a une présence extraordinaire : Certains collectionneurs recherchent dans les tableaux de Douts une ligne particulière, jaune par exemple, qui partage aux deux-tiers un ciel bleu. Horizontales ou verticales, droites ou courbes, lignes de flottaison, de force, de vie, de démarcation, les lignes surprennent par leur errance et leur exubérance, leur capacité à s’inventer, l’audace de leur tracé. Souvent, la ligne échappe aux concaténations chaotiques des constructions de fortune, elle crée le circuit, la circulation. Comme Rabelais appelait « Pantagruélion » le lin, cette plante extraordinaire qui permettait d’assurer le « commerce » des hommes, Douts a trouvé dans ces lignes le sésame de l’énergie qui circule dans toute son œuvre. Elles parcourent ses toiles comme un « fil rouge », assurent la continuité d’un même flux où la misère et la grandeur, l’obscurité et la lumière, la tristesse et la couleur sont liées dans un même cycle d’échanges. Un monde qui tourne rond, qui ne craint pas l’embolie, qui dit par la schématisation des couleurs, des formes et des mouvements la merveilleuse unité au sein de la diversité… Une œuvre à contempler, à méditer en ces temps difficiles…

Georges Quidet pour HCE Galerie -mars 2015