Gaetan Viaris

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Gaëtan Viaris mène depuis 1987 une recherche visuelle sur l’interprétation photographique noir et blanc d’oeuvres d’art, peinture, sculpture, céramiques…
Il a poursuivi un travail de maîtrise sous la direction de Jean Claude Moineau en “Image Filière Photographique”.
La bourse “Villa Léonard de Vinci” qui lui a été attribué en 1990 a permis à l’artiste de poursuivre sa recherche dans de multiples musées américains.
Depuis 1993 il répond à ‘des cartes blanches‘ émanant des musées des beaux Arts de Caen, les derniers Cherbourg, Limoges, (2010, 2014). Ses oeuvres ont font l’objet de nombreux textes analytiques et critiques et appartiennent à des collections publiques et privées (BN, musée de l’Elysée, Musée Carnavalet, MEP, MET, NY et d’autres).

Photographe

Entre 1984 et 1988, travail de Maîtrise en “Image Filière Photographique” à l’Université de Paris VIII (Saint-Denis) sous la direction de Jean Claude Moineau. Objet de cette recherche: “Pour une approche photographique de la Sculpture” d’après les analyses de Wölfflin sur le problème spécifique du “Point de vue”.
Application de cette recherche photographique en noir et blanc sur une sculpture en ronde-bosse du jardin des Tuilerie, groupe de “Thésée et le Minotaure”, permettant de dégager une “multiplicité de Points de vue” (frontal, dorsal, latéral).
A partir de 1989 applique cette étude du “point de vue” par un travail de détournement sur la peinture classique européenne (école maniériste, baroque et classique française) en proposant pour le même tableau par une succession de prélèvements différents “points de vues”.


Bourses

1987: Bourse d’aide à la Création de la Ville de Paris pour une recherche sur “Thésée et le Minotaure”
1989: “Villa Léonard de Vinci” pour une recherche sur la peinture française du XVII. siècle dans les musées américains (d’après l’exposition présentée à Paris au Grand Palais en 1977)
Commandes.
1990: Musée des Beaux-Arts de Rouen: travail sur une sculpture de Puget en cours de restauration: “ L’Hydre de Lerne” Musée de l’Elysée-Lausanne: “Re-découverte de la Peinture suisse par la Photographie”.
1991: Kunsthauss-Zurich: travail sur les primitifs suisses, Füssli, Hodler, des collections du musée.
1993: Musée des Beaux-Arts de Caen : travail sur la peinture baroque ( Véronése, Rubens, Giordano)
1995: Musée des Beaux-Arts de Chambéry: travail sur la peinture maniériste et baroque des musées de la région Rhône-Alpes.
1997: Ecole des Beaux-Arts de Châtellerault : travail collectif avec la photographe Catherine Poncin sur “l’ancien théâtre de la ville”
2003 Musée des Beaux-Art de Dunkerque «La Sainte Face»


Expositions personnelles

1989: “Corps mythologiques, corps drapés” Galerie de L’ I.E.S.A. Paris.
1990: “La peinture française dans les musées américains” Centre Culturel de l’Ambassade France, New-York.
1991 : “Re-découverte de la peinture suisse par la Photographie” musée de l’Elysée- Lausanne
1993: “Anamorphose d’un regard sur la peinture baroque” Musée des B.A. de Caen, Walraff Museum, Cologne “Saisie du corps, saisie du geste” Galerie de l’IESA Paris
1995: “Printemps baroque de Chambéry” Musée des B.A. de Chambéry.
1996: “Collections des Musées de Provence-Côte d’Azur” Musée de la Photographie-Mougins “Dérives baroques” Bibliothèque Faidherbe
1997 “L’Angle donne corps” Médiathèque André Malraux- Tourcoing. “Mémoire de pierre” Bibliothèque du Xém. arrondissement-Paris
1999 “Les Beaux Endormis” Musée de Moret sur Loing
2003 ‘La Sainte Face’ Musée des beaux-arts de Dunkerque
2008 «Anamorphose d’un regard» Centre Culturel français d’Alger
2011 « Corps révélés, Corps dévoilés » Musée de Cherbourg
2014 « l’attrait de la peinture/ Figures dansantes » Musée des Beaux Arts de Limoges et Galerie « l’œil écoute »


Expositions collectives

1994: “Rencontres photographiques de Solignac”.
1994: “ Nude is beautiful”. Silver. Gallery .Seattle.
1996: “2èm. Mois Off de la Photo Paris”: présentation d’un triptyque sur support photocopie.
1997: “Entre-actes” Ecole des Beaux-Arts de Châtellerault: exposition Catherine Poncin / Gaëtan Viaris sur “l’Ancien théâtre” de la Ville de Châtellerault
1998: “ Noeuds” Galerie de L’ I..E..S.A. Paris.
2001: « Villes et Valises ». Arrivées Université Mendès-France de Strasbourg1/2000 Collège Jacques Cartier–Chaunay
2002: ‘ Images du corps dans la photographie ’ Commissaire : Jean Arrouye E.S.P.A.C.E. Peirsec-Toulon (Coplans, Witkins, Coutas, Minkkinen, Tosani…)
2005: «Georges de La Tour» -Musée National d’Art occidental de Tokio
2005: (extrait d’un triptyque du «Tricheuur à l’as de carreau»)


Les textes

Daniel Arrasse historien d’art
Jean Arrouye, sémiologue, spécialiste de la photographie La guerre de Troie n’auras pas lieu
Sophie Couëtoux, historienne de l’Art
Du miroir du peintre à celui de l’objectif
Daniel Dobbels, chorégraphe, critique d’art L’angle donne corps
Evelyne Coutas, artiste plasticienne Apollon et ses muses
Christian Gattinioni , critique d’art La photographie en France 1970-1995 Les maniéristes
Christian Klemm, conservateur, Kunsthauss, Zurich
Ekkhard Mai, conservateur, Walraff Museum, Cologne l’œil du cyclope
Reinhold Misselbeck, conservateur de la Photographie, Walraff Museum, Cologne
Anne-Marie Morice, critique d’Art
Jean-Claude Moineau, université de Paris VIII “Paradigme photographique”
Dimittri Salmon, conservateur, musée du louvre D’après Georges de la Tour
Alain Tapié, conservateur Anamorphose d’un regard sur la peinture baroque


Acquisitions, collections

B.N, Paris
B.H.V.P. Paris
M.E.P, Paris
Musée Carnavalet,Paris.
Ville de Nice
Musée de l’Elysée-Lausanne
Kunsthauss, Zurich
Rencontres photographiques de Solignac.
Musée Niecéphore Niepce, Chalon sur Saône
Musée des Beaux-Arts de Caen
Public Library, New-York
M.E.T.- (Dept.. of africain art ) New-York.
Musée des B.A de Chambéry
David Smith Family- (New-York) (travail sur la rétrospective David Smith présenté à la White Chapell à Londres en 1987)
Collections particulières : France, Etats-Unis, Suisse.


Ateliers

2007 – 2008 La peinture au Scanner.
Sur proposition de Synesthésie, revue d’Art numérique intervention artistique et pédagogique dans le cadre des classes libres au collège de Geyter de Saint Denis sur le thème des tableaux de société de Georges de la Tour.
Le Cyber, espace multimédia de la Ville de Nanterre.
Collège des Bouvets-Puteaux.


Métamorphose du corps, Photographies de Gaëtan Viaris de Lesegno

Gaëtan Viaris travaille depuis plus de vingt cinq ans dans les musées à photographier la peinture baroque de la Renaissance et la sculpture qu’il interprète par des changements d’angles, de lumière et le recadrage en noir et blanc .Ces arts de la lumière changeante que sont la peinture et la sculpture révèlent leur complicité silencieuse dans le noir et blanc de la photographie. Ici la photographie arrache la forme peinte à son contexte iconologique et la sculpte, lui restitue un volume et un grain de pierre, une minéralité qui appelle la caresse de la main ; Là la masse minérale d’un dos sculpté, ce rocher tout en muscles glisse vers Le Patrocle peint par David, vers le dessin des flux énergétiques traversant les corps.

L’exposition présentée à HCE est portée par l’engagement, le pari d’orienter sa visite par une série de métamorphoses du corps, de relier les œuvres entre elles par ce fil fragile qui fait entendre le rythme de ces transfigurations ininterrompues et maintient l’excitation d’une œuvre à une autre .La « mort de Procris » commence très fort avec ce qui pourrait être l’effondrement d’un corps désarticulé mais que la photographie soumet à la formidable attraction du sol, au re-investissement de la terre : corps larvé, remodelé, reconfiguré par la gravité, comme si le sublime était là aussi, et pas seulement dans l’élévation.

La seconde œuvre, à droite, entre plus profondément dans la métamorphose. Guido Reni en son temps avait été sensible au jeu des regards échangés entre Adam et Eve et à ce moment suspendu dans l’équilibre de la composition, où l’innocence est rattrapée par la tentation. A cette image de la tromperie arrêtée par la peinture, Gaëtan Viaris redonne la fluidité, la capacité de se diffuser jusqu’à nous, de survivre dans l’histoire : le grain de la photographie, les jeux de la lumière et de l’obscurité font émerger avec Eve une présence singulière qui a la fluidité de l’eau, la légèreté de l’air, le souffle du vent, la volatilité et la « fluence » de ce qui reste là tout en étant toujours fuyant .A l’image du désir.

L’image photographique souligne l’intensité chorégraphique particulière à ce geste de transmission de la connaissance, à ce mouvement des bras qui se transfigure en formule plastique du « gai savoir ». Elle infiltre au plus profond de la sensibilité contemporaine les ondes de propagation d’une image ancienne, un réseau proliférant de singularités et de choses inconnues qu’un regard ou un objectif ont pu capter, au bon moment, au bon endroit. La photographie est un art de la rencontre.

« Atalante et Hippomène » conduit à une autre capture du mouvement. Ce qui était lutte et combat à mort dans le tableau très ample de Guido Reni devient dans le cadre restreint de Gaëtan Viaris un mouvement de danse, un croisement subtil des pieds, littéralement suspendus au dessus du sol.

Le fil de la métamorphose se maintient et s’apaise avec les deux photographies suivantes, plus silencieuses, plus méditatives. « le coucher de Sapho » et « la jeune fille à l’épine » mettent en avant les valeurs tactiles de la peinture, l’œil se fait main pour toucher, palper. Dans la peinture de Gleyre, Sapho , peinte de dos, était saisie au moment où elle se détourne pour rentrer dans son monde, avant de disparaître dans l’obscurité. Avec l’altération du point de vue apportée par la photographie, c’est plutôt un corps qui se présente au regard, en s’échappant vers nous, en repoussant le cadre : la peau retrouve son grain, ses imperfections, sa chair.

Les œuvres dans le rythme imposé par la montée des escaliers portent la métamorphose des corps à son apogée en dilatant les corps et en les étirant hors d’eux-mêmes : il y a bien une démesure des corps qu’aucun cadre ne peut arrêter, une élasticité, une force plastique débordante conjuguant la chute et l’élévation. C’est cette puissance que la photographie met à nu par une légère distorsion de l’angle, avec ce corps d’Adonis dont le torse se cambre, se tend vers le visage de Vénus accourue à son chevet, ou cette chorégraphie des corps figée dans le combat de Thésée et du Minotaure.

Les quatre petites photographies bouclant ce parcours, avec en particulier cette mort de Lucrèce où les craquelures du visage font passer « les admirables tremblements du temps », condensent le fil conducteur de cette exposition en HCE :la photographie ne se contente pas de déconstruire et de reconstruire des corps, elle les met en cadence, en musique, elle en magnifie l’expression, elle les métamorphose.

HCE janvier 2016