Franck Lundangi

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Franck Lundangi, né en Angola, dans un pays en guerre, a été élevé au Zaïre avec onze de ses cousins. Pendant dix ans il a été footballeur professionnel dans les grands clubs d’Afrique. Sa peinture transcende le tumulte du monde. Elle est partout reconnue, elle s’expose aussi bien à Bandjoun Station, Au Cameroun, qu’à New York et Paris.

Plus on parle du monde et de la mondialisation, plus le monde paraît fini et épuisé par la « raison instrumentale » qui l’a littéralement arraisonné dans l’exploitation et les communications technologiques. Pour l’artiste cependant, il y a un monde dont on ne peut faire le tour, toujours à renaître et qui n’en finit pas, étrange et mystérieux, bruissant d’un sens que personne ne peut s’approprier, plein de vibrations qui se font entendre dans la rencontre des cultures et la circulation des interrogations contemporaines. Ses symboles s’assemblent pour tisser le fil délicat qui réunit l’homme, l’esprit et la nature, pour suivre la circulation de la sève et de l’énergie dans ce grand Tout cosmique.

Franck Lundangi (45), vit à Briare, France.

Franck Lundangi est né en 1958 à Maquela da Zombo, en Angola. Il est élévé par sa tante au Zaïre avec onze de ses cousins. De 1980 à 1990 il est footballeur professionnel au Zaïre, en Angola et au Gabon.
A son arrivée en France en 1990 il rencontre sa future épouse, artiste peintre, qui lui fait découvrir le monde de l’art. Il expose pour la première fois en 1996, l’Unesco lui a consacré une rétrospective à Paris en 2004. Il est reconnu en Europe et aux Etats-Unis. La galerie Cavin-Morris expose son travail à New York.

Expositions personnelles (sélection)


2014: « Rêves » Galerie Maine Durieu, Paris
2013: Château de Trousse-Barrière, Briare, France
2010: Institut des cultures d’Islam, Paris Maison des sciences de l’Homme, ADEIAO, Paris
2008: « Lundangi dans la paix des esprits », Galerie des pénitents, Aubagne en Provence, France
2007: AFD, Agence Française de Développement, Paris
2006: Galerie Picot-Le Roy, Morgat, France
2005: Galleria Tonelli, Milan, Italy
2004: « Lundangi – Segment de l’art contemporain Angolais », Salle Miro, Unesco, Paris
Château de Trousse-Barrière, Briare, France
Bibliothèque municipale de Marignier, Haute-Savoie, France
2003: « A casa dos Sentidos », Instituto Camoes, Paris, France Galerie de la Halle Saint-Pierre, Paris, France
2002: Galerie Mailletz, Paris, France
INSA, Saint-Etienne du Rouvray, Rouen, France
1999: Galerie Art Contemporain, l’Isle sur Sorgue, France
1998: Ambassade de la République d’Angola, Paris


Expositions collectives (sélection)


2014: « Mycelium » Abbaye d’ Auberive, Haute-Marne, France
Galerie Philippe Lawson, Paris
2013: «Mes Amours… », Bandjoun Station, Art Center / Museum of Contemporary Art, Cameroun
« l’Histoire d’un oeil », Angle Art Contemporain, Saint-Paul-trois-châteaux, France
The Metro Show, Cavin Morris, New York
2012: Fondation Blachère – centre d’art, APT, France
2011: Ars 11, Hâmeenlinna Art Museum, Finland
OMA – Oulu Museum of Art, Finland
« Dialogue among civilisation », Art for Humanity, Kznsa Gallery, Durban, South Africa
2010: « Africa 2.0: Is there a contemporary african art ? », Influxcontemporary Art, Lisbon, Portugal
2009: « Traits Complices », Galerie Béatrice Binoche, St Denis de la Réunion
« Animal, animal » Fondation Blachère, Apt, France
2008: « Esprits d’Afrique », Galerie A l’Ecu de France, Viroflay, France
« Un monde Toucouleur », Espace Landowski, Boulogne-Billancourt, France
2007: « As Portas do Mundo » > Neumünster Abbey Cultural Center, Luxemburg
2005: « Africa Remix », Centre Georges Pompidou, Paris, France
« As Portas do Mundo », Palacio D. Manuel, Evora, Portugal
« Liaisons Africaines », Musée de la Halle Saint-Pierre, Paris, France
2004: « Résonances Africaines », Chapelle Saint-Julien, Laval, France
2002: « Voyageurs Imaginaires » Centre culturel Aragon, Oyonnax, France
2001: « Aux Frontières de l’Art Brut », Musée de la Halle Saint-Pierre, Paris, France
1999: Galerie Maine Durieu, Paris, France
1997: « Ouverture, Regards du Monde », Toit de la Grande Arche, Paris la Défense, France


Collections publiques (sélection)


Hâmeenlinna Art Museum, Finland
Artothèque Réunion, La Réunion, France
The Cremona Civic Museum, Italy
Fondation Blachère, Apt, France
Fundaçao ProJustitiae, Porto – Conseil Général des Yvelines, Versailles Ville d’Aubagne en Provence, France
Ambassade de l’Angola, Paris – AMAC, Chamalières, France

La nature de l'esprit - 2013 - 55x81cm

Franck Lundangi
Angola / France

A la lecture des titres que Franck Lundangi donne à des séries de tableaux, on est surpris par ses références et son souci du « monde » : l’homme Univers, l’origine du monde, la nature de l’esprit…
Plus on parle du monde et de la mondialisation, plus le monde paraît fini et épuisé par la « raison instrumentale » qui l’a littéralement arraisonné dans l’exploitation et les communications technologiques. Pour l’artiste cependant, il y a un monde dont on ne peut faire le tour, un monde toujours à renaître et qui n’en finit pas, étrange et mystérieux, bruissant d’un sens que personne ne peut s’approprier, plein de vibrations qui se font entendre dans la rencontre des cultures et la circulation des interrogations sur le monde et la vie

Deux grands tableaux de Lundangi, « l’homme Univers » (216×330) et « L’origine du monde » (110×190) envoûtent l’espace de la Galerie par leurs couleurs fortes, concentrées dans les pigments, vibrantes et résonnantes. Elles font entendre dans un silence méditatif un sens sans signification connue, mais qui préserve le mystère du monde au-delà de ce qu’on peut en dire et en faire. Tout est sereinement posé à la surface du tableau, la forme comme le fond et si toutes les suggestions des formes et des couleurs nous préparent à une écoute du lointain, les objets inconnus, les yeux extra lucides, les bras qui s’ouvrent sur des étreintes de dentelle…tout nous approche de ce lointain auquel nous sommes reliés, accordés, attachés comme par un cordon ombilical ou par ces bouts de fils, ces embryons de fil d’Ariane qu’il suffirait de réunir pour arriver à l’origine.
Deux linogravures en noir et blanc font pendant à ces deux compositions où la couleur est à l’origine d’un rapport sensible au monde qui nous affecte et nous échappe en même temps. La conscience de l’univers est plongée dans le sommeil de la nuit, dans une absence qui ne supprime pas la présence et la géométrie épurée de cette composition renforce l’énigme de cette présence, son aspect hypnotique et poétique. Livrée à des forces occultes, attractives et impénétrables, la nuit est animée d’une houle d’étranges ramifications, de plantes de nuit, de germinations, d’influences astrales où  « notre amour est réglé par les calmes étoiles »
Les dessins sont des compositions autour de l’œil et du mystère du visible, sur les étranges lignes végétales, racines, rameaux et lianes qui nous relient à un enchevêtrement initial, lignes qui ne semblent plus tracées mais animées par le besoin de se prolonger à l’infini ou celui de se refermer sur un alphabet énigmatique, de hiéroglyphes : des spirales de l’infini, des nœuds, une écriture de racines et de germes.
Les aquarelles, avec une exceptionnelle maitrise de la transparence, donnent les clés de cette vision onirique du monde : Un personnage rêve tout en se donnant sous des profils divers qui se dédoublent, s’interpénètrent dans la plus subtile indistinction, celui de la conscience bien éveillée, les yeux ouverts, celui du rêveur qui a les yeux bien fermés, celui qui migre sous une forme animale…Son corps s’épanouit et s’évanouit en même temps dans un nimbe, un nuage, un sac amniotique où les couleurs se diffusent et laissent affleurer et se fondre des formes minérales, végétales et animales dans une osmose parfaite. Dans ce murmure des couleurs le dessin s’estompe en un trait délicat, une ligne rêveuse elle aussi qui n’assure plus les contours nets, qui n’identifie plus des formes mais suit les glissements progressifs d’une zone à l’autre. Les images surgissent d’un fond incertain, mais ne parviennent pas à la surface, elles se dérobent dans un mouvement de sac et de ressac. Tel objet qui pouvait venir à nous sous les apparences d’une brindille de bois repart et revient comme un insecte, puis un arc, un bougeoir, une danseuse très frêle.. .L’aquarelle est ainsi ce langage de la légèreté qui laisse entendre le « bruit de fond » des images, leur attirance pour un rêve de langage qui ne découpe pas, qui n’identifie pas, mais laisse entendre la contiguïté et la possibilité qu’ont les images du rêve de se substituer l’une à l’autre, de résonner entre elles et de résonner pour nous, spectateurs en quête de cette réserve de mystère dans les choses trop bien, trop mal comprises. De fait dans cette œuvre plastique formes et couleurs résonnent bien depuis leur passé archaïque, dans leur lumière venue d’ailleurs, mais elles sonnent bien aussi, d’un son nouveau dans la lumière d’aujourd’hui.

On comprend alors que tous ces fils entortillés dans cette imagerie, qui se rassemblent parfois en un fil d’Ariane ne conduisent pas à un secret enfoui au fond des choses, à la source des images et de la création, à la signification ultime du rêve, mais à l’enchevêtrement réticulé des pensées du rêve, à ce que Freud nomme « l’ombilic du rêve », ce lieu placentaire où se dépose le réel de ces traces héréditaires, trans-générationnelles, inaccessibles à la conscience, ce qu’est le mycelium pour les champignons. La peinture évoque ce milieu où se développent des formes de vie embryonnaire, la vie végétative qui fait l’étoffe, la substance des fantasmes et des images.
« Les rêves les mieux interprétés gardent souvent un point obscur ; on remarque là un nœud de pensées qui ne peut se défaire, mais qui n’apporterait rien de plus au contenu du rêve. C’est l’ombilic du rêve, le point où il se rattache à l’inconnu. Les pensées du rêve que l’on rencontre pendant l’interprétation n’ont en général pas d’aboutissement, elles se ramifient en tous sens dans le réseau enchevêtré de nos pensées. Le désir du rêve surgit d’un point plus épais de ce tissu, comme le champignon de son mycélium. »
Les images du rêve qui affleurent à la surface des tableaux de Lundangi s’épanouissent à la manière de cette croissance erratique à partir d’un fond matriciel, filamentaire, elles sont toujours étranges et intimes à la fois, fascinantes et jamais « hallucinées » .Elles supposent une participation intense au monde et à son « commerce » si par là on entend ce réseau de fils qui lient la circulation des expériences, des sentiments, des sens donnés aux choses, de tout ce qu’on partage. On se plait alors à voir dans cette œuvre exposée le « tonos », la tension interne de ce commerce avec le monde, depuis les dessins d’insectes que faisait un enfant sage dans un pays en guerre jusqu’à cette œuvre raffinée et méticuleuse dans le silence de son atelier de Briare.