Rachid Koraïchi

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Rachid Koraïchi est né en Algérie, à Ain Beïda, en 1947.Profondément ancré dans cette terre originaire, il en a exploré toutes les dimensions pour les faire rayonner dans son art : la culture arabe avec sa calligraphie et ses symboles, la culture berbère, les fresques du Tassili .Au sein de sa famille il s’est imprégné des enluminures des manuscrits et de l’écriture foisonnante des villes du Moyen orient. Les formes et les signes qui surgissent dans sa création portent les qualités extrêmes de la lumière et de l’ombre et se chargent de l’intensité de cet espace solaire, des déchirures de son histoire. .

C’est un esprit cosmopolite. Après une formation aux Beaux Arts d’Alger, il vient à Paris aux Beaux arts et aux Arts décoratifs. Il travaille avec le groupe Cobra, Karel Appel, Corneille et fait de la gravure le lien entre peinture et sculpture. Il approfondit sa réflexion sur le signe et l’écrit avec ses amis poètes ( Mahmoud Darwich, René Char..) et écrivains (Mohammed Dib, Michel Butor… ) C’est un homme de dialogue, il accompagne et il est accompagné. Nourri depuis l’enfance de philosophie soufie, il fait communiquer les arts entre eux, la musique, la danse, la sculpture.

Avec cette conscience élargie, planétaire, que lui donne cette vie avec les autres et le dialogue avec ses maîtres (Ibn Arabi, Ibn Khaldoun mais aussi Saint Augustin, Jacques Berque…) il incarne le sacré, le souffle du cosmos et les émotions humaines dans tous les matériaux et toutes les techniques : l’argile, le bois, le fer, le bronze et l’acier, les tissages, la tapisserie, la céramique…

Cet artiste est aussi un bâtisseur : il a un diplôme d’urbanisme et d’architecture. En hommage à ses ancêtres venus en Algérie pour rendre féconde une terre désertique et stérile, il a construit une maison-sculpture et une gigantesque palmeraie dans son Sahara algérien. Il a re- édifié des palais qui tombaient en ruine, en Tunisie et au Maroc .Pour ses grandes installations (Le Chemin des Roses, les Maîtres Invisibles…) il a réussi à transmettre au monde entier l’excellence des artisans traditionnels de ces villes en actuelle souffrance que sont Alep, Damas, Bagdad ou Le Caire: la création ne peut s’arrêter à l’art, elle informe toutes les dimensions de la vie.

Homme de culture, il travaille à la rencontre de toutes les cultures. Imprégné depuis l’enfance de la mystique soufie (un courant de pensée né avec l’islam, alimenté d’apports grecs, chrétiens, juifs, perses qui prescrit une voie pour s’unir à Dieu, se fondre dans le corps cosmique du bien-aimé et son être universel)il travaille au dialogue des religions avec ses amis juifs et chrétiens, tout en militant pour la cause Palestinienne. A l’image de l’un de ses maîtres, le poète mystique Rûmî, il reconstitue l’unité du monde mis en mille morceaux : « La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s’est brisé ; Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s’y trouve »


 
 

Né à Ain Beïda, Algérie, en 1947.

 

Travaille et vit à Paris, France.

Education

1967 – 1971 Ecole Nationale des Beaux Arts Alger

1971 – 1975 Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Paris

1973 – 1975 Institut d’Urbanisme, Paris, France

1975 – 1977 Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts-atelier de peinture Gustave Singier et atelier de gravure de Lagrange-Dorny), Paris

Expositions personnelles (sélection)

2011

“Une Nation en Exil” (A Nation in Exil), ville de Montauban

“Le Chemin des Roses” (Tariq al-Ward), Abu Dhabi Festival, Emirates Palace, Abu Dhabi

2010

Rachid Koraïchi:” Ecstatic Flow”, October Gallery, Londres

2008

“Les Ancêtres Liés aux Etoiles”, Chapelle Saint Martin, Le Méjan, Arles

“Le Chemin des Roses” Citadelle d’Alger

“Hommage à Mahmoud Darwish”, Instituit des Cultures de l’Islam Paris

“Les Sept Dormants” –sept livres en hommages aux sept moies de Tibhirine

2007

“20 Years: 12 Poets”: Ceramics by Rachid Koraïchi, Institute for the Humanities, University of Michigan, Ann Arbor, USA

“A Nation In Exile” (Une Nation en Exil), Gallery 23, Amsterdam

“Homage to Love and Memory”, The George W. South Memorial, Church of the Advocate, Philadelphia

2005

“Ancestral Memories”, October Gallery, Londres

2004

“Alep, Voyage en Soi(e)” de Rachid Koraïchi, Galerie Isma, Riadh el Feth, Alger

Rachid Koraïchi:” 7 Variations Indigo”, Musée de Marseille, France

2002

“Le Chemin des Roses”” Beirut’s Poem “(Poème de Beirut) /”Une Nation en Exil”, The Herbert F. Johnson Museum of Art, Cornell University, Ithaca, New York

“Une Nation en Exil”, United Nations, Beyrouth, Liban

2001

“Poème de Beyrouth et Chemin des Roses”, National Gallery of Fine Art, Amman, Jordan; Institut Français, Casablanca; Institut Français, Marrakesh, Maroc

“Hommage à Ibn ‘Arabi”, Eglise de Mérignac, Mérignac ; Darat al-Funun, Amman, Jordanie

2000

“Rencontre à Casablanca” exposition avec Farid Belkahia, Galerie Al Manar, Casablanca

« Anthologie de poésie arabe »,Bibliothèque francophone de multimedia, Limoges

« Interfaces », amphithéâtre Bachelard de La Sorbonne Paris

Expositions collectives (sélection)

2016

“Rencontre, émotions partagées”, A2Z Art Gallery, Paris

2014

Biennale Internationale de Casablanca, Bourgogne, Casablanca, Maroc

2013

Jameel Prize, San Antonio Museum of Art, San Antonio, Texas, USA

“Trade Routes”, Hauser & Wirth, Londres

The Jameel Prize, Cantor Arts Centre, Stanford University, San Francisco, USA

2012

“Dieu(x): Modes d’Emploi”, Petit Palais, Musée des Beaux Art de la ville de Paris, France

Jameel Prize, Casa Ārabe, Madrid

Reflections from Heaven, Meditations on Earth: Modern Calligraphic Art from the Arab World, Museum of the Imperial Forums, Rome, Italy and in 2013 Museo Valencia de la Illustracion y la Modernidad, Valencia, Italy (organised by the Jordan National Gallery of Fine Arts & The Museum of the Imperials Forums, Rome, Italy)

Jameel Prize, Institut du Monde Arabe, Paris, France

“Written Images”: Contemporary Calligraphy from the Middle-East, Sundaram Tagore Gallery, Hong Kong

2011

Jameel Prize, Victoria and Albert Museum, Londres

“Written Images: Contemporary Calligraphy from the Middle-East”, Sundaram Tagore Gallery, New York

“Miragens” (2010-2011), Centro Cultural Banco de Brasil, Sao Paulo; Rio de Janeiro; Brasilia, Brézil

“Art Dubai” (2008-2011), October Gallery, Dubai, UAE

“Jo’burg Art Fair” (2008-2011), October Gallery, Johannesburg, Afrique du Sud

“Abu Dhabi Art” (2011), October Gallery, Abu Dhabi, UAE


 

 

Dar Koraïchi, Medina de Tunis

 

Dans le début des années 90 Rachid Koraïchi est à la recherche d’un nouvel atelier, très spacieux, où il pourrait faire se rencontrer les arts et les artistes et poursuivre sa recherche d’un monde de paix et de dialogue

La Medina de Tunis ne pouvait qu’attirer son regard; C’est en effet un ensemble architectural où les meilleurs artisans de la Méditerranée ont laissé la trace de leur savoir-faire. Les Andalous y ont trouvé refuge après avoir été chassés d’Espagne par la Reconquista. Des artistes italiens y ont été appelés par des Ottomans cultivés. Les artisans tunisiens ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Elle se présente comme un lieu de rencontre des cultures, mais aussi comme un insondable éparpillement de trésors en voie de perdition et de villas historiques qui risquent de disparaître ou d’être gâchées par des projets immobiliers inadaptés et peu respectueux de l’environnement. Un tel désenchantement appelle la restauration de la splendeur passée et un ré-enchantement dans une nouvelle proposition architecturale.

Quand il achète en 1994 cet ancien palais du « Fils de la Turque », dans un quartier décrété insalubre depuis 1930, promis à la démolition et à des transformations à l’européenne, le défi qu’il relève paraît insensé .Le palais était pour la plus grande partie en ruines et ce qui restait debout avait été saccagé par ses derniers habitants. Le chantier s’annonce gigantesque et les travaux dureront 17 ans Son regard bleu et profond a immédiatement embrayé sur une dramaturgie de l’espace, une vision claire et épurée d’un projet étayé sur une expérience de tous les matériaux, du fer, du bois, de la pierre ; Il connait les techniques les plus récentes et les plus traditionnelles, les plus économes et a toujours su collaborer avec les différents corps de métier nécessaires

Retrouver l’authenticité du Palais tout en proposant une refonte contemporaine passe d’abord par une claire compréhension de l’esprit de la Médina, tel qu’il s’actualise dans les objectifs stratégiques de son association de sauvegarde. L’extérieur demeure sobre et à échelle humaine, sans monumentalité, sans rupture avec les petites rues sinueuses et blanchies à la chaux. Seule la porte extérieure peut donner une idée de la magnificence du lieu.

L’intimité est préservée, escaliers et couloirs n’ouvrent pas vraiment sur l’intérieur qui se dérobe. C’est le patio qui reconstitue l’extérieur à l’intérieur ; il ouvre sur ce dénominateur commun à toute maison de la Médina, disposer d’un carré de ciel méditerranéen, dans un pays où il fait beau onze mois sur douze !

La solidarité avec les autres maisons par des murs mitoyens. La maison s’appuie sur la maison des voisins, avec des voûtes qui enjambent la rue, à l’image d’un monde où chacun se préoccupe du sort de ses voisins.

C’est en artiste qu’il attaque la restauration de cet édifice pour lui donner l’esprit d’une maison tunisienne du XVII ème dont il a retrouvé les plans, en faire une œuvre d’art contemporaine. Il consolide les fondations et les murs porteurs, enlève ceux qui sont en trop, ouvrent les plafonds en gigantesques puits de lumière, réaménage le patio et les terrasses pour les rendre au ciel toujours bleu, restaure les puits et la circulation de l’eau, reforme les arcs et arcades…

Aérer, laisser respirer l’édifice, l’épurer est une nécessité, de même qu’assurer la sobriété d’une écriture géométrique. Elle s’exprime dans la pureté de la pierre débarrassée de ses ornements factices et la netteté des encadrements, dans la proportion des fenêtres et de leurs grilles, dans les jeux de renvoi des tommettes sur les murs et au sol, des marbres partout présents, le dialogue à l’intérieur des tapis et des colonnes…

Les couleurs ne sont pas décoratives, ce sont des outils visuels pour conduire l’œil, un appel ou un signe pour inciter le visiteur à porter un regard nouveau sur un endroit familier. Les solives du plafond avec leur vert et leur rouge jouent peut être mieux que les bandes rayées de Buren pour ponctuer un espace qui ne cesse de se démultiplier à travers les ouvertures et leurs grilles bien paradoxales, et cela dans toutes les directions. L’infini et l’intime se frôlent dans le blanc du silence

Quant à la lumière, omniprésente, elle est bien là pour éclairer et révéler cette scénographie de l’espace, le trait bien ajusté d’une ligne, le tranchant sans équivoque d’une courbe, la chair vivante et la cambrure des formes mais surtout pour participer à l’écriture et la visualisation de l’ensemble, laisser ses signes d’ombre sur le sol et les murs, un fin maillage géométrique de motifs à lire comme des versets d’Ibn Arabi ou des distiques de Rûmî, et tous les signes propagés par la main de Rachid.

Le résultat fait l’unanimité : « Dar Koraïchi » associe les techniques traditionnelles et les innovations technologiques et écologiques ; l’esprit le plus contemporain et la sauvegarde du passé, jusqu’à la piété –Il restaure à la jonction de sa maison la tombe de Sidi Mefredj, le saint patron des marins naufragés, qui donne son nom à la rue. Tout cela appelle une autre vie, très conviviale, de rencontre des arts et des cultures où seront mises en chantier les grandes questions qui agitent le monde contemporain, le devenir des migrants, le souci de l’environnement, le rôle es artistes dans les mutations, la recherche de techniques respectueuses du vivant…

Georges Quidet pour HCE Galerie- janvier 2018

Dar al Qamar, La maison de la Lune.

 

Dans la dynamique des grandes installations qui rendent gloire aux ancêtres venus du Daghestan s’enraciner dans le Sahara algérien, Rachid Koraïchi avait à cœur d’édifier une construction qui incarne cette longue histoire et l’esprit du désert, la fertilité de ces dunes apparemment hostiles à toute forme d’habitat. C’est près de El Oued et de terres occupées par son grand père qu’il acquiert des hectares de dunes, séduit par une construction en rose des sables, vestige d’une ferme avec quelques étables qu’il va préserver dans son projet, laissant une place à l’ancestral.

Deux symboles résument cet écosystème sculpté en plein désert, cette relation entre l’habitat et l’oasis : le palmier et la rose des sables .Le palmier est l’arbre du désert : ce n’est pas tout à fait un arbre, puisqu’il est composé de fibres qui une fois séchées sont imputrescibles. Des villes algériennes sont construites sans fondations, sur des radeaux de troncs de palmier. Ses palmes entrent dans la fabrication de palissades, de haies, d’abris pour protéger du vent et du soleil et dans la palmeraie constituent de belles broderies du désert ; Elles servent de cintres pour les arcades, on en fait des meubles. Le palmier nourrit, il s’ouvre comme un parasol pour protéger cultures et arbres fruitiers. On le retrouve dans tous les signes de Rachid comme le symbole de la fidélité absolue.

La rose des sables est le matériau de construction généreusement offert par le désert, il suffit de fouiller le sable. Ses écailles épaisses et ses pétales tourmentés emprisonnent l’air et en font un bon isolant contre la chaleur et le froid. Il suffit de les couvrir de chaux pour empêcher scorpions et serpents de s’infiltrer. La première rose des sables ramassée sur le chantier avait une forme de cœur : quel présage favorable pour un chantier pharaonique !

Actuellement la palmeraie fonctionne, produit des fruits et légumes, abrite hommes et animaux. Mais il a fallu aplanir les dunes au bulldozer, faire des forages très profonds pour amener l’eau, enfouir les canalisations ; quadriller le désert de haies et de palissades de palmes pour protéger les palmiers, chacun étant arrosé au goutte à goutte et nourri au fumier. Planter les citronniers, les grenadiers, les oliviers…Construire des serres où poussent piments, poivrons, pastèques et autres légumes sans engrais ni pesticides. Elle accueille aussi des animaux, ânes, chèvres, gazelles, sloughis, paons, etc…

La demeure englobe la construction initiale avec ses coupoles en roses des sables et s’étend par ajouts successifs en utilisant les techniques traditionnelles qui ont fait leurs preuves dans le M’Zab voisin. Les coupoles montent rapidement grâce au plâtre qui prend promptement ; les murs construits en briques creuses reçoivent une isolation en roses des sables et gypse .Les coupoles réfléchissent le soleil et d’habiles ouvertures latérales permettent un brassage de l’air et un rafraîchissement. Des cheminées d’aération captent l’air chaud et le refroidissent en le descendant sous terre. Toutes les pièces de la demeure bénéficient de cette climatisation naturelle, bien plus efficace que les climatisations dévoreuses d’énergie. Tout a été ingénieusement pensé pour affronter vents de sable et chaleur torride : la disposition des arcades et des murs, le marbre froid qui rafraîchit et ne renvoie pas la lumière aveuglante, la succession de vaste salles et de pièces plus intimes et voûtées.

La vie à l’intérieur est confortable, voire luxueuse, avec ses sept salles de bain en marbre, sa grande cuisine, sa grande salle de réception en sous-sol, ses grands tapis, et aussi les multiples salons au cœur de la palmeraie ; le soir venu les terrasses du toit s’ouvrent à la fraîcheur et au ciel étoilé pour une vie à la belle étoile.

D’autres constructions verront le jour pour abriter les diverses machineries, et un grand bassin pour soulager les pompes, rafraîchir le lieu, une aire de repos pour les oiseaux migrateurs

Rachid Koraïchi, artiste, crée sans limites ; il a littéralement sculpté une portion du désert dans ce Sahara Algérien, apprivoisé la force des vents, de l’eau et du soleil. Du musée son art passe dans l’espace réel, se mêle à la vie et suscite un comportement nouveau du regardeur. En artiste contemporain, il remodèle le lien du spectateur à l’œuvre : s’ il construit, son art frôle l’architecture mais n’en est pas moins différent de l’art de l’architecte. Son art vient des déplacements de la terre, des roses de sable, de la chaux et du gypse, de plantations irriguées au goutte à goutte sans produits chimiques, des graines, des racines – ses sources personnelles, son histoire, sa géographie mutent en créations, écritures de sagesses et de mystères, sculptures mi- signe/mi-homme et font surgir les ressources de la terre dans un milieu hostile, l’eau qui abreuve le palmier, l’oiseau, la gazelle, le sloughi, le paon, le fennec et la chamelle. Dans cette création monumentale il a apprivoisé l’adversité, un soleil brûlant, les tourmentes de vent et de sable et a mis les dernières recherches du développement durable au service d’une dynamique de préservation et de respect de la nature, de ses ressources menacées et de son ultime beauté.

Georges Quidet pour HCE Galerie janvier 2018

 


Le Jardin d’Afrique

Rabattus par des courants côtiers de nombreux corps de migrants viennent échouer sur les plages de Zarzis. En 2003 un cimetière dédié aux migrants avait été créé, où 900 migrants ont pu être enterrés. La situation s’est vite dégradée, le cimetière  a été vite saturé. Des camions poubelles ont été utilisés pour transporter les corps, enterrés à même la décharge publique

Bouleversé par le sort réservé aux corps des migrants échoués sur les plages de cette ville et aussi l’indifférence de la communauté internationale, Rachid Koraichid a décidé de leur offrir une sépulture décente.  Il a acquis   un terrain agricole derrière le stade de la cité et tenu à être le seul responsable de cet hommage à ces femmes, ces enfants, ces hommes, qui ont laissé leur vie sur les rivages de la Méditerranée.

En tant qu’artiste, il a dessiné tout le projet dans son ensemble et ses détails, choisissant les meilleurs corps de métier et d’artisanat qui puissent être impliqués et complices de ce Jardin d’Afrique. Il a acquis et fait restaurer dans la Medina de Tunis des portes anciennes pour les édifices du cimetière, assuré la production locale de tous les carrelages avec des motifs du XVIIème, fait venir des marbres noirs du Brésil…

Il a assuré par la vente de ses oeuvres, la totalité du financement de ce lieu de mémoire, symbole du cercueil qui n’a jamais existé de son frère Mohamed perdu à l’âge de seize ans dans cette même Méditerrannée et entend  partager ce deuil avec les familles également éprouvées.

Depuis le début de la construction de ce projet, avec l’accord de Monsieur Mongi Slim, Président du Croissant- Rouge de Zarzis, il a décidé de faire des prélèvements de cheveux et d’établir des fiches pour chaque corps rejeté sur les plages afin de procéder à leur identifications à partir des fichiers de la Croix- Rouge Internationale et s’est rapproché de Madame Cristina Cattaneo, professeure à l’Université de Milan en charge du laboratoire médico-légal LARANOF en  collaboration avec le Comité International de la Croix-Rouge.

Afin d’éviter qu’un jour il soit porté atteinte à l’intégrité de ce futur symbole de ces temps douloureux, il a  sollicité l’aide de Mme Azoulay, avec le désir de classer ce lieu sous l’égide de  l’Unesco

Non seulement l’Afrique entière est touchée par cette tragédie mais aussi des pays comme la Syrie, l’Irak, le Pakistan, le Bangladesh et bien autres. Les humains doivent se souvenir la tragédie qui engloutit les êtres sans distinction de nation, de race et de religion.