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Anne Slacik / Il est défendu d’entrer dans le jardin avec des fleurs à la main

exposition de peintures et de livres peints, du 8 au 30 avril 2018
Vernissage dimanche 8 avril de 11 à 17 h.

L’ exposition se fait avec le soutien de la Ville de St Denis


Pour cette exposition l’artiste a monté une installation, un mur d’une centaine de peintures de fleurs et disposé quelques uns de ses livres peints qui sont autant de rencontres de la poésie et de la peinture, des histoires d’amitié avec les poètes les plus en vue dans notre modernité, Michel Butor, Bernard Noêl, J.P. Faye et bien d’autres.


Les fleurs d’Anne Slacik sourdent et s’épanouissent au plus profond de la peinture dans les jeux rythmiques de la matière picturale et de l’espace, de la couleur et de la lumière, entre transparences et opacités. Un courant de plus en plus fluide nait des remous qui troublent la surface et laisse la couleur se dégager de la matière, s’aérer, rayonner. Des formes florales s’esquissent sous nos yeux, des affleurements de la pointe la plus expressive de la peinture, sa « fine fleur » comme une caresse sur la peau de la nature…

Exposition prolongée jusqu’au vendredi 4 mai 19h

Des événements sont prévus, qui permettront de rencontrer l’artiste :

Le dimanche 15 avril à 11h, rencontre débat autour de l’atelier et sa proximité avec la nature ; l’eau et la plante comme vecteurs de rêve et de poésie. Pauline Lisowski, critique d’art et commissaire d’exposition interroge l’artiste sur sa création et l’organisation de son “mur de peintures”.

Le samedi 21 avril à 16h : des thématiques nouvelles sur la plante et la fleur (Emanuele Coccia ; la vie des plantes) et leurs incidences sur notre rapport à l’art et à l’environnement. (HCE Galerie)


Une poétique du mélange

Les catastrophes climatiques appellent un autre regard sur la nature : elle n’est pas seulement le milieu ou le cadre de vie, l’environnement où nous habitons, elle devient une véritable partenaire avec laquelle nous devons compter quand il s’agit de créer, entretenir et sauvegarder le monde et nous sommes liés à elle comme par un contrat.

Le monde prend sa caractéristique essentielle d’être « un monde vivant » par l’apparition des plantes et de la vie « végétative » : les plantes créent ce monde vivant en transformant l’énergie solaire en matière vivante, en mêlant le minéral et la lumière ; par elles hommes et animaux sont les fils du soleil. C’est par la plante que la planète produit l’atmosphère, et bien avant la découverte de la photosynthèse la philosophie spéculative de la nature évoquait cet extraordinaire brassage des éléments, la fluidité de ce mélange qui ouvre le monde à la respiration, au souffle, au pneuma. La feuille produit la plante, forme la fleur, les pétales, les sépales, le pistil, les étamines avec une prodigieuse invention de formes qui ne s’arrête jamais : mélanger tous les flux de la vie, faire du monde un « climat » ou une « atmosphère », l’union de toutes choses dans un mélange infini. Selon l’expression d’Emanuele Coccia « la plante fait monde ». L’atmosphère n’est pas seulement l’ensemble des éléments qui recouvrent la croûte terrestre, elle est la sphère métaphysique où tous les éléments circulent, se mélangent et se transforment les uns dans les autres.

La nature nous place au centre de la création artistique et de cette poétique du mélange : les textes de « la vie des plantes » qui seront lus sont comme des commentaires de la création picturale d’Anne Slacik qui s’expose actuellement sur les murs de HCE Galerie sous formes de « fleurs ». On devine de « vraies » fleurs que l’on peut identifier, des iris, des chardons, des lys, des grenades, mais elles ne font qu’affleurer à la surface du papier, dans un vertige entre apparition et disparition, elles restent dans un flux, une diffusion, des remous ; la matière picturale est comme la matière vivante secrétée par la plante, elle infuse dans les bocaux, ses cornues ou se mélangent pigments et liants dans la lumière, celle de l’atelier mais aussi celle de Bonnard, de Piero de la Francesca. Une fois étalée sur le papier, cette matière sera travaillée, exténuée jusqu’à devenir une atmosphère : l’artiste travaille en conjuguant épaisseur et aération, respiration ; les couleurs remontent des profondeurs et s’éclaircissent dans leur effort pour venir jusqu’à nous, elles se diluent depuis un fond très lointain. C’est ce mouvement qui s’épanouit en fleur, en surface expressive de l’alchimie des mélanges, de la dilution fluide des formes, couleurs mouvements, mais aussi de mots et d’émotions. Feuilles, pétales, tiges, étamines deviennent des signes qui rappellent cette énergie cosmique et appellent d’autres souffles, d’autres inspirations, d’autres échanges ou liaisons entre la peinture et la poésie, mais aussi entre les habitants d’une même ville, entre les diversités culturelles.

La poétique du mélange devrait être un atout extraordinaire pour penser la présence de l’art et de la nature dans la ville. Dans bien des rues de nos villes des associations ont transformé des rues en véritables jardins. Les plantes, intelligemment choisies et entretenues par les riverains, sont le liant entre l’architecture et la nature, entre les habitants et les autres usagers et promeneurs, entre les générations, elles font circuler les paroles et les initiatives, créant littéralement une « atmosphère », un coin de monde respirable et ouvert à tous les souffles et inspirations concertées. De telles plantes, nées d’initiatives citoyennes, créent et révèlent la vie d’un quartier, une touche originale dans l’espace public. C’est autour de ces thèmes que HCE Galerie se propose de vous présenter « Garden lab » son projet de plantations dans la ville, dont les effets sont déjà visibles dans la rue Gibault.

Vous aimez la nature et l’art, vous souhaitez la présence de la nature et de l’art dans la vie des quartiers, vous travaillez au sein d’associations ou vous êtes des particuliers avec des projets et des intérêts, vous avez des expériences à partager, venez débattre avec nous, tout reste à faire…

HCE Galerie


Le samedi 28 avril, de 16 à 18 h, rencontre de l’éditeur Thierry Chauveau des éditions l’herbe qui tremble avec une lecture de Véronique Daine et Claudine Bohi à l’occasion de la parution du livre « Mettre au monde », de C. Bohi, avec des peintures d’Anne Slacik.

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